La communauté internationale a fait état ces dernières heures de ses préoccupations pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, théâtre de bombardements incessants, où des tirs de chars israéliens contre un refuge de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a fait 13 morts.
Après les États-Unis, la France a «condamné» ces tirs meurtriers, appelant d’ailleurs Israël à «se conformer au droit international». Et Berlin s’est déclaré «extrêmement préoccupée» par la «situation désespérée» des civils à Khan Younès.
«Nous avons essayé de sortir, mais quand j’ai regardé dehors, j’ai vu les chars d’assaut tirer. Comment pouvions-nous sortir ?», a témoigné à l’AFP sur son lit d’hôpital Ahmad Katra, un palestinien blessé lors de cette attaque. «Ils ne nous ont pas donné l’occasion de quitter les lieux. Ils disaient que c’était un endroit sûr, mais en fin de compte, ils (l’armée israélienne) nous ont attaqués dans un établissement de l’ONU», a-t-il ajouté.
Gaza’s Khan Younis UN shelter under siege for 5 days, hit 22 times by Israel since Oct 7, with latest strike killing 13, injuring 56, says UNRWA amid mounting global condemnation against Tel Aviv
— TRT World (@trtworld) January 26, 2024
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Tôt vendredi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 120 morts à travers ce territoire palestinien au cours de la soirée et de la nuit, et de combats intenses à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younès, l’un des derniers encore fonctionnel dans la bande de Gaza.
«Marée humaine»
Au cours des derniers jours, des milliers de personnes ont fui Khan Younès pour tenter de trouver refuge à Rafah, ville jouxtant l’Egypte où se masse déjà la majorité des 1,7 millions de Palestiniens déplacés par la guerre. «Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l’Égypte», a déploré dans la nuit le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, évoquant «une recherche sans fin de sécurité» pour la population de Gaza depuis la guerre.
L’attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées lors de l’attaque et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre durant une trêve en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 25.900 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 65.000 blessés selon le ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 380 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Décision attendue de la Cour internationale de justice
Face à ce lourd bilan et aux destructions quotidiennes, l’Afrique du Sud, soutenue par une dizaine de pays, a saisi le mois dernier en urgence la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël de génocide dans la bande de Gaza et de violation de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948.
Sans juger sur le fond, la plus haute juridiction de l’ONU doit rendre ce vendredi après-midi sa décision sur des mesures urgentes pour protéger les Palestiniens de Gaza. Mais si ses ordonnances sont juridiquement contraignantes, la Cour n’a aucun moyen pour les faire appliquer par la force.
Le Hamas s’est engagé jeudi à respecter un cessez-le-feu s’il était réclamé par le tribunal de La Haye, mais à condition qu’Israël s’y conforme aussi.
Le gouvernement israélien fustige quant à lui cette procédure judiciaire, et ne se considère pas engagé par les décisions de la CIJ. «Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni personne d’autre», a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une intervention télévisée.
CIA, Mossad et Qatar
Le chef de la CIA va se rendre en Europe y rencontrer ses homologues israélien, égyptien et le Premier ministre qatari dans l’espoir de négocier une trêve et une libération des otages encore retenus par le Hamas, ont rapporté jeudi le quotidien Washington Post et le site d’information Axios.
William Burns doit rencontrer les chefs du Mossad David Barnea, des services de renseignement égyptiens Abbas Kamel, et le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dans les prochains jours, selon ces médias qui n’ont pas dévoilé le lieu pour la rencontre.
Des déclarations de Benjamin Netanyahu, qui a jugé «problématique» le rôle de médiateur du Qatar, l’accusant notamment de financer le Hamas, risquent «d’entraver et de saper le processus de médiation», a dénoncé l’émirat. Interrogé à cet égard à Washington, un porte-parole du département d’État Vedant Patel n’a pas commenté les propos de M. Netanyahu mais a qualifié le Qatar de partenaire «irremplaçable».