Selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza, cinq malades sont morts à cause de coupures d’électricité qui ont provoqué l’arrêt de la distribution d’oxygène après l’assaut des troupes israéliennes.
Le ministère a ajouté craindre pour la vie de sept autres patients, et tenir les forces israéliennes pour «responsables» des décès.
Selon lui, cinq équipes médicales en charge de 120 patients se trouvent encore dans un bâtiment de l’hôpital sans électricité ni eau, nourriture et oxygène, et l’armée israélienne empêche l’évacuation des patients dans un état critique.
Vendredi soir, l’armée israélienne a indiqué sur son compte Telegram avoir découvert des obus de mortier, des grenades et d’autres armes appartenant au Hamas, et capturé «des dizaines» de suspects dans l’hôpital, dont «plus de 20 terroristes ayant participé au massacre du 7 octobre».
Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza avaient tué plus de 1.160 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
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Israël a juré d’anéantir en représailles le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. L’offensive israélienne à Gaza a fait 28.775 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées sur son territoire le 7 octobre.
Situation intenable
L’armée israélienne a indiqué vendredi que ses troupes avaient trouvé dans l’hôpital Nasser des médicaments avec les noms d’otages écrits dessus.
Elle a par ailleurs dit avoir réparé le générateur de l’hôpital, qu’elle dément avoir visé, et en avoir installé un deuxième de secours. Elle a également affirmé que tous les systèmes vitaux de l’établissement avaient continué à fonctionner.
Mais des médecins ont décrit une situation intenable dans cet hôpital, situé dans une ville transformée en champ de ruines et cerné par les combats, et où s’étaient réfugiés des milliers de déplacés.
Médecins sans Frontières a annoncé que ses employés avaient «dû fuir, laissant les malades derrière eux». «La situation était chaotique, catastrophique», a déclaré à l’AFP Christopher Lockyear, secrétaire général de l’organisation.
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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’hôpital Nasser, l’un des onze qui restent ouverts sur les 36 que comptait la bande de Gaza avant la guerre, est désormais «à peine fonctionnel».
«Plus de dégradations à l’hôpital, c’est plus de vies perdues», a déclaré le porte-parole de l’OMS Tarik Jasarevic lors d’un point de presse vendredi à Genève, en exigeant l’accès urgent de l’OMS au complexe hospitalier. «Les patients, le personnel de santé et les civils qui cherchent refuge dans les hôpitaux méritent la sécurité et non un enterrement dans ces lieux faits pour y guérir», a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, la communauté internationale multiplie ses appels pour dissuader Israël de lancer une offensive dans la ville surpeuplée de Rafah, où sont piégés près d’un million et demi de civils contre la frontière fermée avec l’Égypte.
L’Union européenne s’est déclarée vendredi «très préoccupée» par cette perspective, et a exhorté Israël à «ne pas entreprendre d’action militaire à Rafah qui aggraverait une situation humanitaire déjà catastrophique».
Camp géant en Égypte
Le président américain Joe Biden a pour sa part plaidé pour «un cessez-le-feu temporaire» dans la bande de Gaza. «J’espère qu’en attendant, les Israéliens ne procéderont pas à une invasion terrestre massive», a-t-il ajouté.
Selon le Wall Street Journal, citant des responsables égyptiens, l’Égypte construit une zone sécurisée entourée d’un mur dans la péninsule du Sinaï afin d’y accueillir des Palestiniens de Gaza. Ce camp fait partie des «plans d’urgence» pour l’accueil de ces réfugiés en cas d’assaut israélien sur Rafah et pourrait abriter «plus de 100.000 personnes», selon le quotidien américain.
Les dirigeants palestiniens, l’ONU et de nombreux pays se sont alarmés des conséquences catastrophiques pour la population d’une telle offensive et dénoncent la création d’une nouvelle génération de réfugiés sans perspective de retour.
Mais le chef de la diplomatie israélienne a réitéré la détermination de son pays à traquer le Hamas. «Si (le chef du Hamas à Gaza, Yahia) Sinouar et les meurtriers du Hamas pensent qu’ils peuvent trouver refuge à Rafah, cela n’arrivera pas», a-t-il assuré. «Nous offrirons aux civils des zones de sûreté où ils pourront se rendre et nous nous occuperons du Hamas.»