Après cinq mois de guerre, la situation humanitaire désastreuse dans le territoire a conduit vendredi plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les États-Unis et la France, à effectuer de nouveaux largages aériens de nourriture et d’aide médicale.
Mais la chute de colis largués par des avions sur la ville de Gaza a tué cinq personnes vendredi et en a blessé dix, selon une source hospitalière.
«Quand les avions ont commencé à larguer la cargaison, moi et mon frère nous sommes rendus dans la zone dans l’espoir de récupérer un sac de farine», a raconté Mohammed al-Ghoul, un homme de 50 ans vivant dans le camp de réfugiés d’al-Chati où l’accident a eu lieu. «Mais le parachute ne s’est pas ouvert et la cargaison est tombée comme une roquette sur le toit d’une des maisons», a-t-il expliqué.
Les armées jordanienne et américaine ont affirmé qu’aucun de leurs appareils n’était à l’origine du drame.
«Nous exprimons toute notre sympathie aux familles de ceux qui ont été tués», a déclaré le commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué vendredi. «Contrairement à certaines informations, ceci n’est pas la conséquence de largages américains.»
La Belgique, l’Égypte, la France et les Pays-Bas effectuent également des largages d’aide sur le territoire.
«Jetée temporaire»
Face à l’insuffisance d’aide terrestre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dit vendredi à Chypre espérer l’ouverture dimanche d’un corridor maritime permettant d’acheminer de l’assistance humanitaire depuis l’île méditerranéenne, située à quelque 370 kilomètres de Gaza.
Cette annonce suivait celle du président américain Joe Biden jeudi sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant la construction d’une «jetée temporaire» à Gaza pour permettre l’arrivée d’«aides massives».
Le Pentagone a précisé vendredi que l’édification de cette structure prendra jusqu’à 60 jours et impliquera probablement plus de 1.000 soldats. Le port temporaire «pourrait fournir plus de deux millions de repas par jour aux citoyens de Gaza», a détaillé son porte-parole, Pat Ryder.
M. Biden a déclaré vendredi que Benjamin Netanyahu devait permettre l’acheminement de plus d’aide humanitaire, après avoir été surpris en train de dire qu’il aurait une discussion franche avec le Premier ministre israélien sur la guerre à Gaza.
Les États-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d’aides qu’au compte-gouttes en provenance d’Égypte.
Selon l’ONU, sur les 2,4 millions d’habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec d’importantes pénuries de nourriture et d’eau potable et 1,7 million ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont provoqué des destructions colossales.
Pour l’ONU, qui met en garde contre une «famine généralisée presque inévitable» à Gaza, les parachutages, de même que l’envoi d’aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre.
D’après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.
«Aucun compromis»
Après cinq mois d’une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes sur Gaza ne connaissent aucun répit: ces dernières 24 heures, au moins 78 personnes y ont péri, portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit selon les autorités du mouvement islamiste.
Les soldats israéliens ont pris de vastes secteurs du territoire palestinien depuis le lancement de leur offensive terrestre le 27 octobre, dont le petit port de Gaza.
Occupée par l’armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l’Égypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d’une ampleur sans précédent du Hamas qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, dans le sud d’Israël, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.
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Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza ce jour-là, et 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts d’après Israël.
En riposte, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Pour parvenir à la «victoire totale», Israël dit préparer une offensive terrestre sur Rafah, à la frontière égyptienne, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens selon l’ONU.
Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs - Égypte, Qatar, États-Unis - doivent reprendre la semaine prochaine, selon un média égyptien progouvernemental.
Les médiateurs espéraient pouvoir arracher un accord sur une trêve associée à une libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commencera après l’apparition du premier croissant de lune, dimanche ou lundi.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré vendredi qu’il appartenait au Hamas d’accepter un trêve avec Israël, mais la branche armée du groupe a dit que le Hamas ne ferait «aucun compromis» sur ses exigences d’un cessez-le-feu définitif et d’un retrait des troupes israéliennes en échange de tout accord sur une libération des otages.
Plus tard dans la journée, le président Biden a estimé qu’il serait «difficile» d’obtenir un cessez-le-feu avant le ramadan.
La guerre a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué un membre du Jihad islamique, allié du Hamas, qui avait mené des attaques contre des troupes à Silat al-Harithiya, près de Jénine.