L’armée américaine conduit depuis plusieurs mois des opérations létales ayant causé la mort de 87 personnes, visant des embarcations — notamment en mer des Caraïbes — sans toutefois fournir de preuves tangibles de leur lien avec le narcotrafic.
De plus en plus de voix dénoncent ces frappes, lancées en septembre, dont la légalité est remise en cause par de nombreux experts.
«Les services de renseignements ont confirmé que le navire transportait des stupéfiants illicites et transitait par une route connue pour le trafic de drogue dans l’est du Pacifique», a assuré sur X le Southcom, le commandement américain pour l’Amérique latine et les Caraïbes, en publiant une vidéo montrant un bateau filant à grande vitesse avant une violente explosion.
«Quatre hommes narcoterroristes à bord du bateau ont été tués», a ajouté le Southcom.
«Marins naufragés»
L’administration Trump et le ministre de la Défense, Pete Hegseth, sont au cœur d’une tempête politique depuis la révélation d’une opération dans laquelle les forces américaines avaient tiré une seconde salve contre un navire déjà neutralisé dans les Caraïbes, tuant les survivants.
Au total, 11 personnes avaient péri lors de cette double frappe menée début septembre dans les eaux internationales.
La polémique a enflé la semaine passée, après que le Washington Post a révélé que deux survivants de la première frappe, agrippés à leur bateau en flammes, avaient été tués dans une deuxième frappe autorisée par le ministre de la Défense.
Plus tôt jeudi, l’élu démocrate Jim Himes a affirmé que cette frappe avait tué des «marins naufragés» après avoir visionné une vidéo du Pentagone montrée à des membres du Congrès. Selon lui, la séquence montrait «deux individus clairement en détresse, sans moyen de locomotion, qui ont été tués par les États-Unis».
«Ce que j’ai vu dans cette salle a été l’une des choses les plus perturbantes que j’aie vues durant tout mon temps au service du public», a déclaré Jim Himes, principal responsable démocrate de la commission du renseignement à la Chambre des représentants, à l’issue d’une réunion à huis clos au Capitole avec l’amiral Frank Bradley.
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Ce haut gradé, chargé des opérations spéciales des forces armées américaines, avait donné l’ordre d’effectuer cette frappe, selon la Maison Blanche.
«Pas d’ordre» du ministre
«Tout Américain qui regarde cette vidéo (…) verra les forces armées des États-Unis attaquer des marins naufragés», a insisté Jim Himes, tout en précisant que l’amiral avait fourni «des éléments de contexte» sur sa décision.
«Oui, ils transportaient de la drogue», a-t-il reconnu, «mais ils n’étaient pas en position de continuer leur mission d’aucune façon».
Le républicain Tom Cotton, président de la commission sénatoriale du renseignement, a pour sa part défendu une «décision juste».
Il a également affirmé — comme Jim Himes — que l’amiral avait démenti avoir reçu un ordre du ministre de la Défense visant l’élimination de tous les marins à bord.
«L’amiral Bradley a été très clair: on ne lui a pas donné d’ordre du type ne faites pas de quartier ou tuez-les tous», a déclaré Tom Cotton à la presse.
Cette campagne militaire du gouvernement Trump s’inscrit dans un climat d’escalade des tensions entre les États-Unis et le Venezuela.
Donald Trump accuse son homologue vénézuélien, sa bête noire, de diriger un cartel de drogue. Nicolás Maduro rejette fermement ces accusations et dénonce une tentative américaine de renverser son pouvoir sous couvert de lutte antidrogue.









