En hommage aux 130 personnes tuées dans ces attaques ayant visé le Stade de France près de Paris, Le Bataclan, des terrasses de bars et restaurants dans la capitale, une minute de silence a été observée vendredi soir par les 80.000 spectateurs au stade en ouverture d'un match de football entre la France et la Suède.
Le carnage, revendiqué parDaech, a traumatisé la France. Etat d'urgence, mesures sécuritaires inédites, crispations à l'égard de la communauté musulmane... Le pays, ciblé depuis par d'autres attaques jihadistes, s'est durci. Les rescapés et proches endeuillés, eux, se débattent pour tenir à distance la souffrance, la peur et la haine.
A la veille de la journée de commémorations officielle dimanche, le chanteur britannique Sting donne un concert à guichets fermés samedi soir au Bataclan, entièrement rénové. Il redonnera vie à cette salle mythique pour la première fois depuis l'attaque en plein concert du groupe de rock américain, Eagles of Death Metal, qui a fait 90 morts.
"C'est important que (la salle) redémarre, que ça reste un lieu de concerts après ce qui s'est passé. On a besoin de retrouver une vie normale", estime Sting, 65 ans, dans un entretien publié samedi par le quotidien Le Parisien et réalisé avant l'annonce officielle de sa venue au Bataclan. Pour son concert, un ample dispositif de sécurité a été mis en place, avec passage des démineurs, pré-filtrage et filtrage.
Le millier de places mises en vente cette semaine s'est arraché en moins de trente minutes. Les familles des victimes et une poignée d'officiels ont été invités à ce court set d'une heure, dont les recettes seront reversées à deux associations de victimes.
L'ancien leader de "Police", qui a lui-même fait acte de candidature pour chanter, a promis "de respecter la mémoire de ceux qui sont morts" et de "célébrer la musique et la vie que représente cette salle de spectacle mythique", a indiqué Jules Frutos, le co-directeur du Bataclan. Sting avait donné au Bataclan un concert avec "Police",resté dans les annales le 23 avril 1979.
Pour Frutos, il fallait absolument que la musique reprenne ses droits avant les commémorations dimanche. "Démarrer l'ouverture du Bataclan avec d'abord des cérémonies et après de la musique, ça ne m'allait pas du tout, du tout. J'avais fondamentalement besoin que quelque chose se passe avant", explique-t-il à l'AFP.
Le concert, filmé, sera rediffusé dans la nuit de dimanche à lundi par plusieurs chaînes de télévision, dont TV5 Monde sur tous les continents.
Le Bataclan, emblématique d'une jeunesse festive, a été longtemps après l'attentat un lieu de recueillement pour des foules d'anonymes. Au lendemain de l'attaque, de nombreux dirigeants, comme l'Américain Barack Obama, étaient venus sur place rendre hommage aux victimes. Ces derniers mois, des blessés ou des spectateurs traumatisés ont eu la possibilité de revenir sur les lieux.
Dimanche, le président socialiste, François Hollande, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, se rendront sur les six lieux touchés par les attentats: Stade de France, restaurant Carillon/Petit Cambodge, bars-restaurants Bonne bière, Comptoir Voltaire, Belle équipe, et salle du Bataclan. Ils y dévoileront à chaque fois une plaque en hommage "aux vies fauchées en ces lieux", avec les prénoms et noms des victimes dont les familles ont donné leur accord. Ils ne devraient pas prononcer de discours.
Au Stade de France, les jihadistes avaient fait une première victime. Dans les cafés et restaurants ou sur leurs terrasses, 39 personnes avaient été tuées. Les attentats avaient aussi fait au total quelque 400 blessés, sans compter les personnes suivies pour des troubles psychologiques.
Le parcours des autorités s'achèvera devant le Bataclan où des survivants de l'attaque, dont des membres d'Eagles of Death Metal, devraient assister à la cérémonie.
L'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, présidera dimanche soir à la cathédrale Notre-Dame une messe d'hommage. Une association de victimes a appelé les Français à allumer une bougie à leurs fenêtres, dimanche soir.