France-présidentielle: les candidats Fillon et Le Pen sous la pression de la justice

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A deux mois d'une élection présidentielle incertaine en France, la campagne est rythmée par les affaires judiciaires impliquant le candidat de droite François Fillon et la présidente du Front national Marine Le Pen, dont un proche vient d'être inculpé.

Le 25/02/2017 à 21h02

Trois juges ont été désignés pour enquêter sur l'affaire des emplois présumés fictifs de l'épouse de François Fillon, Penelope, et de deux de leurs enfants, engagés comme assistants parlementaires, accentuant un peu plus la pression sur l'ancien favori des sondages.

Le parquet national financier (PNF) a annoncé vendredi dans la soirée avoir ouvert une information judiciaire pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité sur la transparence de la vie publique".

Les magistrats ont désormais la possibilité de convoquer le candidat à tout moment en vue d'une éventuelle mise en examen (inculpation) ou d'un placement sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

Ce nouvel épisode judiciaire risque de fragiliser un peu plus le candidat de droite, dont les intentions de vote ont fléchi depuis l'éclatement du scandale il y a un mois à la suite de révélations de la presse.

Lors d'un meeting en banlieue parisienne vendredi soir, François Fillon n'a pas réagi directement mais a dénoncé des attaques avec "acharnement" dans une campagne où ses déplacements sont souvent perturbés par des concerts de casseroles organisés par des opposants.

"On pouvait se dire que sans nouveau développement, il aurait pu se redresser. Là on replonge, au moins pour la semaine prochaine", selon Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop.

C'est "un sévère coup de pression sur l'ancien Premier ministre", juge le quotidien populaire Le Parisien, qui évoque "une situation inédite sous la Ve République, dont l'issue reste plus incertaine que jamais."

Les derniers sondages donnent toujours la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen en tête pour le premier tour du 23 avril, devant le centriste Emmanuel Macron et François Fillon, au coude-à-coude.

Marine Le Pen serait en revanche battue à l'occasion du second tour le dimanche 7 mai.

La fille de Jean-Marie Le Pen est elle-même visée par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants au Parlement européen.

Mais la candidate Front National, que cette affaire ne semble guère handicaper dans les sondages, refuse de se rendre à une convocation de la police pendant la campagne. Elle sera en meeting devant ses partisans dimanche à Nantes, dans l'ouest de la France.

En outre, l'un de ses proches, Frédéric Chatillon, pilier de la communication du Front national à travers sa société Riwal, a été mis en examen dans l'enquête sur le financement des campagnes électorales du parti frontiste en 2014 et 2015, a indiqué samedi une source judiciaire.

L'ex-dirigeant d'un syndicat étudiant d'extrême droite a été mis en examen, le 15 février, pour "abus de biens sociaux" dans le cadre d'une information judiciaire ouverte fin octobre sur les élections municipales et européennes de 2014 ainsi que sur les départementales de 2015.

Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie de François Hollande qui profite des déboires de François Fillon, vient pour sa part de dévoiler un projet économique équilibrant mesures de discipline budgétaire et investissements, après s'être assuré le soutien du centriste vétéran François Bayrou.

Il doit encore rencontrer dimanche Jean-Louis Borloo, ex-ministre de l'Ecologie, pour essayer d'obtenir l'appui de cette figure du centre-droit, avant de détailler un peu plus son projet lors d'une conférence de presse jeudi 2 mars, alors qu'il est souvent accusé par ses adversaires de ne pas avoir de programme substantiel.

Le 25/02/2017 à 21h02