La levée des mesures d’exception, en vigueur depuis le 16 mai dans l’archipel français du Pacifique Sud, est programmée mardi 05H00 à Nouméa (18H00 GMT). Elle doit «permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principal mouvement indépendantiste, NDLR) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée», a expliqué la présidence dans un communiqué.
L’aéroport international de Nouméa, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai, le restera au moins jusqu’au dimanche 2 juin, a indiqué son opérateur, malgré une retombée des violences sur le terrain. La route qui y mène demeure très dégradée par endroits et jonchée de carcasses de véhicules, selon des sources locales.
Les évacuations, par centaines, de touristes bloqués s’effectuent depuis l’aérodrome de Magenta à Nouméa. Après des Australiens et des Néo-Zélandais à partir de mardi, de premiers touristes français pris au piège ont pu quitter le territoire samedi à bord d’appareils militaires.
«Référendum»… ou pas
C’est l’adoption à Paris d’une réforme prévoyant l’élargissement du corps électoral local pour les scrutins provinciaux qui a mis le feu au poudres, déclenchant des émeutes qui ont jusque-là fait sept morts. Les indépendantistes, qui réclament le retrait du texte, craignent que ce changement ne «minorise» le peuple autochtone kanak. Pour devenir effective, la réforme doit encore être approuvée par les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès.
S’il a promis que cette réforme ne passerait pas «en force», le président Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de convoquer «un référendum», dans un entretien accordé au quotidien français Le Parisien, avant de faire marche arrière dimanche, affirmant que cette éventualité relevait d’une simple «lecture de la Constitution» et qu’il ne s’agissait «pas d’une intention».
Le chef de l’Etat dit vouloir donner la priorité à un «accord global» entre élus calédoniens loyalistes et indépendantistes sur le «dégel» du corps électoral. Il a pour cela donné jusqu’à la fin du mois de juin aux deux camps.
Sur le terrain, la nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, même si des traces d’échauffourées étaient visibles dans le quartier de la Vallée-du-Tir, un bastion indépendantiste, a constaté une journaliste de l’AFP. La présidence a annoncé l’envoi «dans les prochaines heures» de «480 gendarmes mobiles», ce qui portera à quelque 3.500 le nombre d’effectifs de forces de l’ordre déployés en Nouvelle-Calédonie.
Un bilan de sept morts
L’archipel n’avait plus connu de telles violences depuis 1984-1988, quand des affrontements entre partisans et opposants à l’indépendance avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.
Vendredi, le bilan des émeutes a grimpé à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans tué par un policier. Ce dernier, qui n’était pas en service, a été mis en examen dimanche pour coups mortels aggravés par l’usage d’une arme et placé sous contrôle judiciaire.
La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles françaises depuis le 19ème siècle. Son économie repose essentiellement sur le nickel dont elle concentre 20 à 30% des réserves mondiales. Le secteur, qui emploie directement ou indirectement 20 à 25% des salariés calédoniens, est gravement mis à mal par les émeutes.