Merah, délinquant âgé de 23 ans sombré dans l'islam radical, avait semé la terreur en mars 2012 dans la région de Toulouse (sud-ouest de la France), en assassinant en quelques jours trois militaires, trois enfants juifs et un enseignant d'une école juive de Toulouse.
Il avait ensuite été tué le 22 mars par la police dans un appartement de la ville où il s'était retranché.
Saisi par le père d'un des soldats victimes de sa randonnée meurtrière, le tribunal administratif de Nîmes (sud) a estimé que l'abandon fin 2011 de la surveillance de Merah constituait "une faute engageant la responsabilité" des pouvoirs publics.
Aux yeux des magistrats, cette décision "a compromis les chances d'empêcher un attentat".
Le tribunal a relevé "la difficulté de la mission" des services de renseignement en matière de surveillance antiterroriste, mais il a pointé du doigt "le profil de Mohamed Merah" et le "caractère hautement suspect de son comportement, établi depuis plusieurs années".
Merah, qui s'était rendu en Afghanistan et au Pakistan en 2010 et 2011, faisait l'objet "depuis 2006, de l'attention des services de renseignements" pour sa fréquentation des milieux de l'islamisme radical et son appartenance à cette mouvance, ont rappelé les juges.
Après les tueries de 2012, le ministre de l'Intérieur français de l'époque, Claude Guéant, avait déclaré que "personne (n'avait) jamais décelé d'intention criminelle chez lui", d'où la décision de stopper sa surveillance.
"Il faut qu'on arrête ces criminels «nazislamistes» avant qu'ils ne passent à l'acte", a réagi après le jugement le père du militaire tué par Merah à l'origine des poursuites contre l'Etat.
"Maintenant que j'ai obtenu satisfaction, je vais attaquer les personnes nommément. Il y a des gens qui étaient responsables et qui n'ont pas fait leur travail", a ajouté Albert Chennouf Meyer, dont le fils Abel avait été abattu avec un autre soldat le 15 mars 2012.