Le pays traverse une interminable période d’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par le président Emmanuel Macron. Cette décision a débouché sur une chambre sans majorité, éclatée entre la gauche, le centre droit et l’extrême droite, ainsi que sur une succession de quatre Premiers ministres.
Surtout, la France ne s’est toujours pas dotée d’un budget pour 2026, alors que le temps presse: selon la Constitution, le Parlement doit disposer d’au moins 70 jours pour examiner un projet de loi de finances avant le 31 décembre. M. Lecornu n’a donc que lundi ou mardi pour déposer un texte.
Toutefois, le président Macron se rendra en Égypte lundi afin de marquer son «soutien à la mise en œuvre de l’accord présenté par Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza», ce qui pourrait compromettre la tenue d’un Conseil des ministres ce jour-là.
La future équipe gouvernementale de Sébastien Lecornu pourrait n’avoir qu’une existence éphémère, notamment en raison des menaces de censure du Parti socialiste (PS), irrité par quatre semaines de tractations infructueuses autour de ses revendications.
L’ensemble de la gauche hors PS, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et l’Union des droites pour la République (UDR) promettent déjà de censurer Sébastien Lecornu, qui avait démissionné lundi dernier au motif que «les conditions n’étaient plus remplies», avant d’être reconduit vendredi soir.
Il a par ailleurs averti qu’il ferait de même si ces conditions «n’étaient plus remplies» à nouveau.
Défections
L’ancien ministre des Armées pourrait décider de nommer un nombre restreint de ministres régaliens ainsi que les titulaires des portefeuilles des Finances et du Budget, afin d’accélérer la procédure.
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Mais le début du week-end n’a pas été productif pour lui: ses marges de manœuvre sont limitées après les défections de ses alliés des Républicains (LR, droite) et des centristes de l’UDI. Le parti Horizons, dirigé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, temporise encore sur sa participation, «dans l’attente de ce que va proposer» M. Lecornu.
LR a toutefois assuré le prochain gouvernement de son «soutien texte par texte» au Parlement, ce qui équivaut à une absence de censure.
Il reste donc à Sébastien Lecornu le camp présidentiel — qui a ravalé ses critiques sur sa reconduction — et le Modem (centre) de François Bayrou, ancien chef du gouvernement.
Même si la question du casting et des délais était résolue, il faudrait encore résister à la pression des députés. Seul le groupe socialiste (69 sièges) pourrait sauver le gouvernement Lecornu 2, mais il a placé la barre très haut en exigeant plusieurs concessions importantes, dont la suspension immédiate de la réforme des retraites.
Cette réforme emblématique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, adoptée au forceps en 2023 pour repousser l’âge légal de départ et qui avait déclenché des mois de manifestations, est violemment contestée par la gauche.
Une telle suspension «n’épuiserait pas le débat sur le budget et l’avenir de la France, mais ce serait un gage de bonne foi et de volonté d’ouvrir une nouvelle période», a estimé Olivier Faure, premier secrétaire du PS, dans La Tribune Dimanche.








