Face aux procès sélectifs et expéditifs ordonnés par le Généralissime, des magistrats algériens jettent l’éponge

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP.

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. . DR

Plusieurs magistrats algériens ont présenté leur démission sur fond de pressions intenables de la part du chef d’état-major de l’armée, Gaïd Salah, qui exige d'eux des «résultats» immédiats sans toutefois leur laisser le temps nécessaire à l’instruction des dossiers. Détails.

Le 27/06/2019 à 18h36

Rebondissement dans le simulacre de procès ordonnés par le chef d’état-major de l’armée algérienne, le Général Gaïd Salah, dans le cadre de sa «purge» très sélective dans les milieux politiques et militaires. Plusieurs magistrats ont en effet présenté leur démission après que l’oligarchie vert-kaki à la botte du général octogénaire leur ait exigé des «résultats» immédiats.

À l’appui de leur décision, les magistrats démissionnaires invoquent pressions et absence de temps nécessaire à l’instruction des dossiers mis à leur disposition.

Les dossiers que lesdits magistrats sont contraints d’instruire renferment en effet un grand nombre de documents tout aussi compliqués les uns que les autres, d’autant plus que les cibles du nettoyage opéré par le général-président se comptent par dizaines parmi les anciens décideurs et néanmoins encombrants détracteurs de ce dernier dans sa course non déclarée à la conquête du palais El Mouradia.

Parmi ces derniers, figurent le frère de l’ex-président Saïd Bouteflika, le général Mohamed Mediene alias «Tewfik» (ex-tout-puissant patron du Département du renseignement et de la sécurité, DRS, dissous en 2016), et le général Othman Tartak, ex-chef bras droit du même général «Tewfik».

D’autres anciens hauts responsables sous le règne vingtenaire de Bouteflika sont également sous le coup de la justice, notamment les anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal.

Autant de dossiers lourds présentés à la justice depuis février dernier mais dont l’instruction ne peut, de toute évidence, se faire en deux mois seulement, pas plus que le jugement des mis en cause triés sur le volet par le Général soucieux de débroussailler son chemin vers le palais présidentiel et s’imposer président, contre la volonté du peuple algérien qui revendique le départ de tous les symboles du régime, y compris et surtout Gaïd Salah.

Surpris par la décision du commun des magistrats mécontents, les préposés à la gestion des affaires judiciaires sous la baguette du Général ont rejeté les demandes de démission des robes noires, sans toutefois répondre à leur demande de temps pour donner satisfaction aux attentes du Général Ubu.

Tous les dossiers que les magistrats concernés instruisent ont d’ailleurs été montés à la hâte, sur la seule base de témoignages ou de rapports d’audition. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 27/06/2019 à 18h36