Téhéran a fait état de trois explosions près d’une base militaire à Qahjavarestan, localité située entre Ispahan et son aéroport, dans le centre du pays, selon l’agence officielle Fars. Des drones ont été abattus mais il n’y a pas eu d’attaque par missiles «jusqu’à présent», ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d’Ispahan sont «totalement en sécurité», a précisé l’agence Tasnim.
Cette dernière a toutefois annoncé qu’il n’y avait «aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger contre la ville centrale d’Ispahan ou toute autre partie du pays». L’agence a expliqué que «des unités de défense aérienne avaient été activées dans certains endroits (…) Mais ces mesures étaient dues à la grande sensibilité des systèmes de défense aérienne en raison de la situation actuelle et à la “possibilité“ de détecter certains petits drones».
L’Iran a activé sa défense aérienne dans plusieurs provinces mais «aucun dégât ou explosion à grande échelle n’a été signalé», a indiqué de son côté l’agence officielle Irna, en se basant sur les informations rapportées par ses journalistes. Les vols commerciaux, suspendus brièvement à partir et à destination de Téhéran, ont repris en début de matinée selon la même source.
«Conflit régional généralisé»
Selon des responsables américains cités par plusieurs télévisions américaines, dont la chaîne ABC News, ces explosions sont liées à une attaque israélienne contre l’Iran en représailles aux frappes iraniennes contre Israël le week-end dernier.
Washington a été prévenu jeudi de l’attaque israélienne sur l’Iran, mais n’a ni approuvé l’opération ni joué aucun rôle dans son exécution, ont déclaré des responsables cités par les chaînes américaines NBC et CNN.
Dans un premier temps, Israël avait revu ses projets de représailles rapides en Iran après avoir discuté avec les États-Unis, son premier allié, selon le diffuseur public israélien Kan. Washington avait exhorté Israël à la retenue, optant plutôt pour le renfort de leurs sanctions contre «le programme iranien de drones, l’industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles». L’UE et le Royaume-Uni ont aussi annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran.
«Au bord du gouffre»
«Nous sommes au bord d’une guerre au Moyen-Orient qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde», a souligné de son côté le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, en appelant à la retenue.
«Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les derniers jours ont vu une escalade dangereuse, par les mots et les actions», a déclaré Antonio Guterres. «Une erreur de calcul, une mauvaise communication, une méprise, pourrait conduire à l’impensable, un conflit régional généralisé qui serait dévastateur pour tous ceux concernés, et pour le reste du monde», a-t-il ajouté, appelant par commencer à un cessez-le-feu à Gaza.
«Six mois et demi d’opérations militaires israéliennes ont créé un enfer humanitaire», a-t-il déploré, décrivant deux millions de Palestiniens endurant «la mort, la destruction, le déni d’aide humanitaire vitale», a-t-il déploré.
Vote pour l’adhésion de la Palestine à l’ONU
Pendant ce temps au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis ont opposé jeudi leur veto à une résolution demandant l’adhésion pleine et entière de la Palestine aux Nations unies. La résolution a recueilli 12 votes pour, 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse), et 1 voix contre, celle des États-Unis.
Le Hamas a condamné le veto américain, comme l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui voit dans le blocage américain une «agression flagrante contre le droit international» poussant le Moyen-Orient «encore davantage au bord du gouffre».
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.970 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 460 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.