Vainqueur des élections législatives, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, gauche) n’a pas hésité à faire part, dès l’annonce des résultats, de sa volonté de gouverner en solitaire même sans avoir la majorité absolue, estimant sa démarche légitimée par les 123 sièges obtenus à la chambre basse du Parlement et qui presque doublent les 66 sièges obtenus par la formation qui s’est classée deuxième, le Parti Populaire (PP, droite).
Les socialistes ont appelé le PP et les centristes de Ciudadanos à s’abstenir pour permettre l’investiture de leur candidat, alors qu’ils ont demandé l’appui du parti d’extrême gauche Unidas-Podemos, mais sans lui accorder en contre partie des portefeuilles ministériels dans le prochain gouvernement.
Les appels réitérés du PSOE aux trois autres partis les plus représentés au Congrès des députés, de permettre l’investiture de Pedro Sanchez, n’ont pas trouvé d’échos favorables auprès de ces formations politiques: le PP et Ciudadanos insistant sur leur refus de cautionner cette idée, Podemos exigeant de faire partie d’un gouvernement de coalition avec les socialistes pour voter en faveur de leur candidat.
En effet, le désaccord entre le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, et le chef de Podemos, Pablo Iglesias, a été le maître mot des réunions maintenues entre les deux hommes pour essayer de parvenir à une issue au blocage.
Durant la quatrième de ces réunions, tenue mardi au Palais présidentiel de la Moncloa, le secrétaire général du PSOE a campé sur sa position en faveur de la formule vague d’un "gouvernement de coopération" avec Podemos, alors que le chef de cette dernière formation a insisté sur un exécutif de coalition.
Iglesias a menacé même de voter contre l’investiture de Sanchez.
Dans le même contexte, Pedro Sanchez et le chef du PP, Pablo Casado, se sont rencontrés lundi à La Moncloa aussi à l'initiative du leader socialiste. Le président du PP a réaffirmé, lors de cette réunion, que son parti ne s'abstiendra pas durant le vote d’investiture de Sanchez.
Concernant la relation entre le PSOE et Ciudadanos, le courant ne passe plus entre les deux formations. Après les élections législatives, Albert Rivera, leader de Ciudadanos, avait manifesté son refus total d’une éventuelle coalition de gouvernement avec Sanchez et le maintient toujours. Le seul souci du parti libéral est de s’ériger en chef de l’opposition et leader du centre-droit à la place du PP.
Malgré l’absence du soutien nécessaire à son investiture, Sanchez insiste à vouloir se présenter à cette session devant les députés de la chambre basse.
Il s’agit là, selon les observateurs, de la stratégie des socialistes pour faire pression sur le PP, Ciudadanos et Podemos, ainsi que de les responsabiliser d’un éventuel échec de son investiture qui aurait comme conséquence une répétition des élections.
Le PSOE continue ainsi de proposer à Podemos le statut de "partenaire programmatique prioritaire" au moment où il appelle le PP et Ciudadanos à permettre le début de la législature pour que ces deux partis puissent assumer leur rôle dans l’opposition.
Face au refus catégorique du PP et de Ciudadanos de s’abstenir lors du vote d’investiture et les conditions non satisfaites jusqu’à présent de Podemos pour soutenir le candidat socialiste, le scénario le plus probable est une répétition des élections dans le pays ibérique.
La date de la session d’investiture du candidat socialiste sera fixée lors d’une réunion prévue le 2 juillet entre Sanchez et la présidente du Congrès des députés, Maritxell Batet. En cas d’échec de cette investiture, de nouvelles élections seront convoquées en Espagne dans un délai de deux mois suivant la session.