Une mission privée, organisée par l’entreprise américaine Axiom Space, a décollé le dimanche 21 mai vers la Station spatiale internationale (ISS), avec à bord les deux premiers astronautes saoudiens à s’y rendre, un homme et une femme. Rayana Barnawi et Ali Al-Qarni sont accompagnés de Peggy Whitson, ancienne astronaute de la Nasa qui commande la mission et l’entrepreneur américain John Shoffner qui fait office de pilote.
Cette mission, nommée Axiom Mission 2 (Ax-2), a décollé peu avant 21H40 GMT à bord d’une fusée SpaceX Falcon 9 depuis le Centre spatial Kennedy, à Cap Canaveral, en Floride, pour rejoindre la Station spatiale internationale, où ils doivent arriver aujourd’hui lundi vers 13H24 GMT et où ils passeront dix jours.
«Merci d’avoir fait confiance à l’équipe de Falcon 9. J’espère que vous avez apprécié le voyage vers l’espace. Bon voyage à bord de Dragon», a lancé l’ingénieur en chef de SpaceX, Bill Gerstenmaier, aux trois astronautes, selon les communications radio diffusées en direct.
«Être la première femme saoudienne astronaute et représenter la région est un grand plaisir et un honneur.»
— Rayana Barnawi, biochimiste et astronaute saoudienne.
«Être la première femme saoudienne astronaute, et représenter la région, est un grand plaisir et un honneur», a déclaré Rayana Barnawi, biochimiste de formation, lors d’une conférence de presse quelques jours avant le départ. Dans la vie de tous les jours, Ali Al-Qarni est, lui, pilote de chasse. «J’ai toujours eu une passion pour explorer l’inconnu, et admirer le ciel et les étoiles», a-t-il expliqué. «Donc c’est une merveilleuse opportunité pour moi de poursuivre cette passion, et cette fois de voler parmi les étoiles».
Le riche État pétrolier a déjà envoyé l’un de ses ressortissants dans l’espace par le passé. En 1985, le prince saoudien Sultan ben Salmane avait participé à une mission américaine. «Je suis heureux que l’Arabie saoudite retourne dans l’espace», a déclaré Sultan ben Salmane à l’AFP à Ryad, où une fête était organisée pour assister au lancement en direct. «Si Dieu le veut, ce n’est que le début», a-t-il ajouté.
Le nouveau voyage spatial s’inscrit dans la stratégie du royaume pour améliorer l’image du pays, où les femmes n’avaient encore pas le droit de conduire il y a seulement quelques années. L’Arabie saoudite a créé en 2018 l’Autorité spatiale saoudienne, et lancé l’année dernière un programme destiné à envoyer des astronautes dans l’espace.
Expériences scientifiques
Les quatre membres d’équipage doivent mener une vingtaine d’expériences durant leur séjour. L’une d’elles consiste à étudier le comportement de cellules-souches en apesanteur. Ils rejoindront les sept passagers déjà à bord de l’ISS, dont l’astronaute émirati Sultan al-Neyadi, devenu le mois dernier le premier ressortissant d’un pays arabe à sortir dans l’espace.
Cette mission, nommée Ax-2, est la deuxième d’un partenariat entre l’agence spatiale américaine et Axiom Space, qui propose ces séjours extraordinaires pour des montants qui se comptent en millions de dollars. La société est chargée de l’entraînement des apprentis astronautes, d’affréter le moyen de transport, et du bon déroulement de leur séjour. Une première mission, Ax-1, avait emmené trois hommes d’affaires et un ancien astronaute passer deux semaines dans la Station spatiale internationale en avril 2022.
Stations spatiales privées
Pour Axiom Space, ces missions sont une première étape vers un but ambitieux: la construction de sa propre station spatiale, dont le premier module doit être lancé fin 2025. La structure sera d’abord rattachée à l’ISS, avant de s’en séparer pour prendre son envol de façon indépendante.
La Nasa prévoit de mettre l’ISS à la retraite vers 2030, et d’envoyer à la place ses astronautes dans des stations privées -qui accueilleront aussi leurs propres clients. L’agence spatiale américaine encourage ainsi les programmes de plusieurs entreprises.
La Russie s’est récemment engagée à prolonger la durée de l’ISS jusqu’en 2028, après avoir menacé d’un retrait plus précoce après le début de la guerre en Ukraine, posant alors la question de sa survie. Les autres partenaires internationaux -Japon, Canada, agence spatiale européenne- se sont engagés comme les Etats-Unis à poursuivre les opérations jusqu’en 2030.