L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte "veulent sous-traiter notre politique étrangère, ils veulent être impliqués dans nos décisions internes", a accusé cheikh Saif ben Ahmed Al-Thani, dans une interview accordée à l'AFP .
Selon lui, leur objectif c'est que "les décisions ne soient plus prises au Qatar". "Cela ne sera jamais acceptable", a-t-il ajouté.
Il a qualifié de "nouvel ultimatum", une liste d'individus et entités "terroristes", publiée mardi par Riyad et ses alliés qui les accusent de liens avec le Qatar.
"C'est encore quelque chose qui bloque la résolution de la crise", a estimé M. Al-Thani, "ce n'est pas quelque chose qui va dans le sens de négociations positives".
Mais le Qatar reste néanmoins "ouvert au dialogue, ouvert à la négociation" avec pour condition préalable la levée du "blocus illégal" imposé au pays, a-t-il poursuivi.
"La crise, ce sont eux qui l'ont déclenchée, pas nous", a-t-il souligné. "Lever le blocus illégal est quelque chose que nous ne négocierons pas", mais "cela ne nous gêne pas de discuter de tout en toute franchise, tant que cela ne concerne pas notre souveraineté et notre indépendance".
La crise a éclaté début juin lorsque l'Arabie saoudite et ses alliés ont rompu leurs relations diplomatiques et imposé un blocus au Qatar, accusé de soutenir le terrorisme et d'entretenir des relations trop étroites avec l'Iran chiite.
M. Al-Thani, qui fait office de porte-parole du gouvernement, a une nouvelle fois nié les accusations de soutien à des groupes terroristes.
"Nous ne soutenons d'aucune façon le terrorisme, c'est totalement faux, nous faisons même l'inverse et en réalité nous faisons plus que ce qu'ils font quand il s'agit de combattre le terrorisme", a-t-il affirmé.
Alors que le Qatar est engagé dans une vaste offensive médiatique pour gagner des soutiens, il a souligné la signature avec Washington d'un accord bilatéral contre le financement du "terrorisme" à la mi-juillet, "première fois qu'un tel accord est signé entre deux pays".
Interrogé sur les mesures concrètes prises ou à prendre en vertu de cet accord, il a préféré rappeler les actions menées par le passé par Doha.
Notamment les nombreux projets éducatifs soutenus par le Qatar à travers le monde, qui créent "un environnement peu propice à l'idéologie extrémiste".
Il a également mis en avant la participation de Doha à la coalition qui combat l'organisation Etat islamique en Irak et en Syrie, depuis la base aérienne d'Al-Udeid, au Qatar.
"Dire que le Qatar n'en fait pas assez, c'est juste une campagne que les pays à l'origine du blocus mènent depuis longtemps maintenant", pour détourner l'attention d'eux, car "ils ont plus de problèmes que nous en matière de terrorisme", a-t-il expliqué.
Le Qatar "a le soutien des Etats-Unis", a assuré le chef du GOC, admettant "qu'au début de la crise (...) certains messages (américains) pouvaient avoir été interprétés" comme un soutien à Riyad, allié stratégique de Washington.
Donald Trump avait eu des propos très virulents à l'égard du Qatar, mais le Pentagone et le Département d'Etat s'étaient ensuite montré plus conciliants.
M. Al-Thani a aussi affirmé que Doha avait "les preuves" que les Emirats étaient à l'origine du piratage de l'agence de presse qatari QNA, un des facteurs déclencheurs de la crise.
Il a notamment indiqué que le Qatar avait "identifié les numéros, adresses IP et entités impliquées".
Quant à la requête de l'Arabie saoudite et de ses alliés de fermer la chaîne qatarie Al-Jazeera, elle "n'est pas nouvelle, mais c'est une mesure que nous n'étudierons même pas superficiellement".