En France, les appels à confier la gestion de la Grande Mosquée de Paris au Maroc se multiplient

La Grande Mosquée de Paris.

La Grande Mosquée de Paris.

Alors que la Grande Mosquée de Paris se retrouve en pleine tempête en raison des accointances de son recteur avec le régime d’Alger, les origines et l’histoire marocaines de l’édifice refont surface, remettant en cause sa gestion illégitime par l’Algérie.

Le 20/01/2025 à 15h38

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, occupe bien malgré lui le devant de la scène médiatique française depuis le début de l’année alors que ses liens étroits avec le régime d’Alger ont été dévoilés au grand jour dans le cadre de l’affaire des influenceurs algériens qui menacent la France d’actes de terrorisme. Car plutôt que de mettre à profit son rôle d’homme religieux pour condamner les propos tenus par les auteurs de ces menaces, se désolidariser d’eux et apaiser les tensions entre communautés, celui-ci a au contraire jeté de l’huile sur le feu en criant à l’islamophobie de l’extrême droite française, et à la haine de l’Algérie en particulier, prenant pour cible le lanceur d’alerte algérien réfugié en France, Chawki Benzehra et Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger.

Cette sortie médiatique de Chems-Eddine Hafiz n’est pas passée inaperçue. En voulant prendre la défense du régime qui orchestre la propagande de haine qui sévit en France, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a littéralement «grillé sa couverture» d’agent d’influence algérien. Le silence complice dans lequel il se mure depuis l’arrestation de Boualem Sansal, son compatriote, contraste étrangement avec sa prise de position véhémente à l’égard de la justice française au lendemain de la mort du jeune Nahel et atteste aujourd’hui du deux poids, deux mesures qu’applique celui qui présidait le comité de soutien au président Tebboune lors des dernières élections présidentielles en Algérie.

Si la presse hexagonale s’est emparée du sujet à l’instar du journal Le Point qui questionnait dans un article «Que faire de la Grande Mosquée de Paris, annexe du régime algérien?», sans pour autant fournir de réponse à cette question, la solution est aujourd’hui apportée par une figure de la droite dite «extrême», Damien Rieu.

Le lanceur d’alerte bien connu des réseaux sociaux et militant du parti Reconquête a ainsi publié un tweet sur X le 19 janvier qui a suscité de très nombreuses réactions. «Pourquoi ne pas confier la gestion de la Grande mosquée de Paris au Maroc?» questionne-t-il ainsi. Une manière de faire subtilement référence à l’histoire marocaine de la Grande Mosquée de Paris, propriété foncière du Maroc, construite et financée en majeure partie par le Maroc, et spoliée par l’Algérie après une série de controverses.

Mais, à travers cette publication, s’affirme aussi plus que jamais la confiance que la France (même à son «extrême droite») témoigne au Maroc, d’un point de vue politique, au point de souhaiter lui (re)donner les clés de cet édifice religieux emblématique de la communauté musulmane de France, afin non seulement d’y prôner l’islam des Lumières fondé sur la tolérance et le vivre-ensemble que l’on prêche au Maroc, mais aussi d’écarter le risque de toute tentative d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, comme l’Algérie vient d’en faire l’exemple. Le régime d’Alger a en effet transformé la Grande Mosquée de Paris en antenne d’influence. De nombreuses voix en France n’hésitant pas à qualifier ce lieu de culte «d’ambassade bis» de l’Algérie.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 20/01/2025 à 15h38