En Espagne, rentrée sur tous les fronts pour Pedro Sanchez

Un cimetière incendié après un feu de forêt dans le village de Fervenza, au nord-ouest de l'Espagne, le 27 août 2025. (Photo de MIGUEL RIOPA / AFP). AFP or licensors

Après un été d’incendies historiques, avant le retour des affaires judiciaires visant ses proches et un débat délicat sur le budget, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a effectué lundi une rentrée sur tous les fronts, défendant point par point sa politique.

Le 02/09/2025 à 07h00

Lundi matin, c’est sur le thème du changement climatique que le chef du gouvernement socialiste a lancé son retour sur le devant de la scène, après quelques apparitions sur le front des incendies estivaux.

Le chef du gouvernement socialiste a détaillé les propositions du «pacte national pour faire face à l’urgence climatique» annoncées au cœur du mois d’août, pendant la vague d’incendies qui a fait quatre morts et ravagé quelque 330.000 hectares en une quinzaine de jours, essentiellement dans l’ouest de l’Espagne.

En cause, selon lui, une politique de prévention «clairement insuffisante», une gestion du territoire «inadéquate» et «l’urgence climatique qui fait que les incendies sont aujourd’hui plus virulents».

«Les incendies de sixième génération, c’est ainsi qu’on appelle les incendies qui ont ravagé plus de 300.000 hectares dans notre pays, ne s’éteignent pas en été, ils s’éteignent (...) en travaillant tous les jours de l’année», a plaidé Pedro Sánchez.

Vague de chaleur intense

Ces feux sont survenus notamment à la faveur de la plus intense vague de chaleur depuis le début des relevés de l’Agence météorologique espagnole en 1975, qui a fait environ 1.149 décès entre le 3 et le 18 août, selon les estimations de l’Institut de recherche en Santé publique Carlos III.

Comme lors des inondations meurtrières dans la région de Valence en octobre 2024, ces incendies ont fait l’objet d’intenses polémiques opposant le gouvernement central de Pedro Sánchez et son opposition de droite qui dirige les régions où ils ont été les plus dévastateurs.

«Si nous voulons que les prochains étés ne nous apportent pas de nouveaux malheurs et que les prochains automnes ne nous frappent pas de la manière dont ils nous frappent avec des inondations, nous devons agir dès maintenant et nous devons le faire ensemble», a plaidé Pedro Sánchez.

«Laissons de côté les disputes sur les compétences (des régions et de l’État, ndlr), les disputes territoriales et partisanes», a-t-il insisté. «Ce que nous devons tous faire, c’est assumer nos responsabilités», a-t-il ajouté dans la soirée lors d’un rare entretien télévisé sur la chaîne publique RTVE, assurant que le gouvernement «avait fait son travail».

Le chef du gouvernement ne dispose pas de majorité au Parlement et doit négocier avec des petits partis aux intérêts souvent divergents pour faire adopter des textes. Plusieurs de ses proches sont en outre mis en cause dans des affaires de corruption.

Le chef du Parti populaire (PP) Alberto Nunez Feijoo, qui a lui aussi présenté un plan de lutte contre les incendies mettant davantage l’accent sur les pyromanes, l’a appelé lundi à démissionner s’il ne parvenait pas à faire adopter un budget en septembre.

Des juges «politiques»

«Nous allons présenter un budget. Nous allons lutter pour faire approuver ce budget au Parlement», a répondu sur RTVE Pedro Sanchez, rejetant l’idée de quitter son poste en cas d’échec: «La paralysie, ce serait de lancer dans le pays un processus électoral», a t-il fait valoir.

Interrogé également sur les dossiers judiciaires visant plusieurs de ses proches, le Premier ministre a accusé certains juges de «faire de la politique».

«Qu’il y ait des juges qui fassent de la politique et qu’il y ait des politiciens qui essaient de rendre la justice, cela ne fait aucun doute», a dit le chef du gouvernement socialiste, englobant sur les affaires visant notamment sa femme et son frère.

D’autres proches du Premier ministre sont également au cœur de dossiers judiciaires, dont Santos Cerdán, ex-N.3 du Parti socialiste placé en détention provisoire en juin dans le cadre d’une enquête sur des pots-de-vin liés à des contrats publics ou l’ancien ministre et ex-bras droit du Premier ministre, José Luis Ábalos, et son proche conseiller Koldo García.

«Je n’avais aucune information objective indiquant qu’ils pouvaient commettre de supposés actes de corruption», a de nouveau déclaré M. Sanchez à propos de ces trois hommes, rejetant toute «corruption systémique» au sein du Parti socialiste espagnol, dont il est le premier secrétaire.

Par Le360 (avec AFP)
Le 02/09/2025 à 07h00