Le président Recep Tayyib Erdogan dominait sans conteste le paysage politique de la Turquie. Mais le scrutin législatif de ce dimanche a réduit énormément, et de manière surprenante, sa superbe et sa puissance. Il va devoir désormais s’allier à un autre parti politique pour former une coalition gouvernementale, alors qu'il dominait le pouvoir sans partage depuis treize ans, notent les observateurs.
Selon les résultats définitifs, le parti de la Justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) est arrivé sans surprise en tête du scrutin mais n'a recueilli que 40,7% des suffrages et 258 sièges de députés sur 550, le contraignant pour la première fois à former un gouvernement de coalition.Erdogan, après les résultats législatifs de dimanche, va devoir réduire ses ambitions de vouloir dominer sans partage la Turquie. Son scénario a échoué. Il voulait faire basculer la Turquie d’un régime parlementaire vers un régime présidentiel à l’américaine, sans Premier ministre mais l’AKP (le PJD turc) devait obtenir au moins 370 sièges sur les 560 en lice, afin d’obtenir une majorité des deux tiers lui permettant de modifier la Constitution.
"Raté" électoralUn vainqueur surprenant est sorti des urnes: la formation kurde du Parti démocratique du peuple (HDP). Avec 13% des voix, cette gauche turque obtient 79 sièges, assurant son entrée pour la première fois au sein du Parlement turc.
Le HDP, véritable vainqueur de ces élections, va également barrer la route au président Erdogan qui s'accroche à vouloir adopter une Constitution du pays "sur mesure" lui accordant tous les pouvoirs.
Les deux autres principaux concurrents du parti au pouvoir, le parti Républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le parti de l'Action nationaliste (MHP, droite), obtiennent 25,1% et 16,4% des voix et totalisent 132 et 81 sièges.
Ce premier "raté" électoral sonne comme une sévère défaite pour Erdogan, qui avait fait de ce scrutin un référendum autour de sa personne. A rappeler qu'il a dernièrement réaménagé le palais de la présidence d'Ankara à coup de centaines de millions de dollars, alors que son pays est confronté à un recul économique.