M. Feijóo, 61 ans, que tous les sondages donnaient pourtant largement gagnant, a probablement payé sa stratégie ambiguë vis-à-vis de l’extrême-droite, mais aussi une série de gaffes qui ont émaillé la fin de sa campagne.
Plébiscité à la tête du Parti populaire (PP) en avril 2022 après l’une des pires crises internes vécues par ce parti, il avait la lourde tâche de ramener au pouvoir une formation dans l’opposition depuis 2018.
Il a revendiqué la victoire dimanche soir parce que le PP a fini premier avec le plus grand nombre de députés, devant les socialistes du Premier ministre sortant Pedro Sánchez, mais loin de la majorité absolue dont il avait besoin pour devenir chef du gouvernement.
Ambigüité
Elu à quatre reprises à la tête de la Galice (nord-ouest de l’Espagne) avec la majorité absolue, le chef du PP se targue d’être parvenu à contenir la résurgence de l’extrême droite dans cette région, le parti Vox n’ayant jamais remporté un seul siège au Parlement régional depuis sa création en 2013.
Mais malgré son image de politicien modéré et sa volonté de faire du PP un parti de centre-droit, M. Feijóo a vite compris qu’il ne pourrait accéder au pouvoir sans le soutien de Vox, un parti ultranationaliste formé par des anciens du PP. D’où une ambigüité vis-à-vis de Vox dont il n’a jamais pu se débarrasser et qui a sans soute décontenancé certains électeurs modérés.
Le leader du PP, qui, durant la campagne, a souvent donné l’impression d’être un peu trop sûr de lui, a aussi accumulé les erreurs lors d’une dernière semaine de campagne cauchemardesque, alors qu’il surfait auparavant sur les sondages.
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Il a d’abord trébuché lundi dernier lors d’une interview télévisée sur l’une des questions les plus sensibles pour un politicien, celle des retraites, en soutenant que le PP, lorsque ce parti était au pouvoir, avait toujours augmenté celles-ci d’un pourcentage égal à l’inflation. Ce qui s’est avéré faux.
Il a ensuite décidé de boycotter, deux jours plus tard, le dernier débat télévisé entre les principaux candidats, laissant le terrain à M. Sánchez et à son alliée communiste Yolanda Díaz, qui en ont profité pour livrer un assaut en règle contre lui sans qu’il puisse évidemment se défendre.
Il a enfin dû faire face à la réapparition des accusations et des interrogations concernant ses liens étroits dans les années 90 avec un trafiquant de drogue notoire.
Origines modestes
Né le 10 septembre 1961 dans le village galicien d’Os Peares, Alberto Núñez Feijóo a grandi dans une famille modeste auprès d’un père travaillant dans le bâtiment et d’une mère épicière.
Enfant studieux décrit comme «responsable et obéissant», il étudie le droit à l’université de Saint-Jacques de Compostelle dans l’espoir de devenir magistrat, mais entre dans la fonction publique pour aider sa famille lorsque son père se retrouve au chômage.
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Il fait ses premiers pas en politique en 1991 en Galice au sein du département de l’Agriculture, aux côtés d’un futur ministre espagnol de la Santé qui l’emmènera avec lui à Madrid en 1996.
Dans la capitale, il prend la tête de l’Institut national de la Santé, puis de l’entreprise postale espagnole, avant de repartir en Galice, où il devient le chef de la branche régionale du PP en 2006.
Après avoir assuré pendant des années que sa seule ambition était de diriger sa région, M. Feijóo a affirmé durant la campagne que «l’heure (était) venue» pour lui de devenir «le premier Premier ministre issu de l’Espagne rurale».
Très discret sur sa vie privée, il a récemment affirmé dans une interview être très heureux d’être devenu père à 55 ans, «juste avant le coup de sifflet final». «Le plus beau cadeau que la vie ait fait» à ce supporteur du club de football galicien Deportivo La Corogne.
M. Feijóo est en couple avec la femme d’affaires Eva Cardenas, ex-patronne de Zara Home.