Le lancement en novembre 2022 du robot conversationnel ChatGPT, considéré comme une révolution dans l’usage de l’intelligence artificielle (IA), a créé de nombreuses craintes quant à la transformation du monde du travail et à son impact sur l’emploi.
Mais une nouvelle étude de l’Organisation internationale du travail (OIT) des Nations unies, examinant l’effet potentiel de ces plateformes, suggère que la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation. L’IA «permettra d’accompagner plutôt que de remplacer certaines activités», estime le rapport de l’OIT, intitulé «L’IA générative et l’emploi : une analyse globale des effets potentiels sur la quantité et la qualité des emplois».
«Ainsi la première conséquence de cette nouvelle technologie ne se traduira probablement pas par la destruction d’emplois, mais plutôt par des changements potentiels dans la qualité des emplois, notamment l’intensité du travail et l’autonomie», révèle l’étude. L’étude souligne aussi que les effets varient considérablement selon les professions et les zones, les femmes étant plus susceptibles que les hommes de voir leur travail affecté.
Menaces sur le travail administratif
Le travail administratif dans les bureaux s’avère être la catégorie la plus exposée aux technologies d’IA avec près de 25% des tâches considérées comme très exposées, et plus de 50% présentant un niveau d’exposition moyen. Parmi les cadres et les techniciens, seule une petite partie des tâches sera touchée par l’IA, tandis qu’environ un quart présente des niveaux d’exposition moyens, selon l’OIT.
«Avec les bonnes politiques en place, l’IA pourrait offrir des avantages importants aux pays en développement.»
— Le rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) à propos de l'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi.
Le rapport indique que les pays à revenus élevés subiraient les effets les plus importants de l’automatisation en raison de la part importante notamment des emplois de bureau. Ainsi, 5,5% de l’emploi total dans les pays à revenus élevés étaient potentiellement exposés aux effets de l’IA générative, alors que seulement 0,4% de l’emploi dans les pays à faibles revenus l’étaient.
Dans le même temps, l’étude a souligné que la part de l’emploi potentiellement affectée par l’automatisation était plus de deux fois plus élevée pour les femmes que pour les hommes, en raison de la surreprésentation des femmes dans le travail de bureau, en particulier dans les pays à revenus élevés et intermédiaires.
Si cette étude fait apparaître des différences significatives entre les pays riches et les pays pauvres, il constate que le nombre potentiel d’emplois créés par l’IA est pratiquement le même dans tous les pays. Cela suggère qu’«avec les bonnes politiques en place, cette nouvelle vague de transformation technologique pourrait offrir des avantages importants aux pays en développement», a déclaré l’OIT.
Pour protéger l’emploi et tirer le meilleur de l’IA générative dans le cadre professionnel, les pays devront donc concevoir des politiques visant à soutenir un changement «ordonné, équitable et consultatif», ont déclaré les auteurs de l’étude.