Coup de tonnerre à l’Assemblée nationale française. Ce jeudi 30 octobre, les débats se sont ouverts à 9 heures avec comme premier texte proposé par le Rassemblement national, une proposition de résolution visant à dénoncer les accords de 1968 entre la France et l’Algérie. Le député RN Guillaume Bigot, auteur de la proposition a ainsi défendu ce texte face à l’hémicycle en appelant à l’égalité des traitements de tous les étrangers en France, quelle que soit leur origine.
«L’Algérie française, c’est fini», a-t-il lancé. «63 ans après l’indépendance, il s’agirait d’en accepter les conséquences en traitant notre ancienne colonie comme nous traitons tous les autres pays. Ni mieux, ni moins bien, sans dérogation».
Signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, cet accord destiné à soutenir l’économie de la France qui avait alors besoin de main d’œuvre, permet depuis 1968 aux Algériens de bénéficier de nombreux avantages en comparaison aux autres nationalités non européennes. En l’occurrence, les ressortissants algériens jouissent d’un titre de séjour de 10 ans selon une procédure accélérée, peuvent accéder au RSA ou à l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) dès l’obtention de leur titre de séjour, et comptent aussi des avantages s’agissant du regroupement familial, les membres d’une même famille pouvant recevoir un certificat de résidence de 10 ans dès leur arrivée en France.
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D’un point de vue financier, tous ces avantages à sens unique ont un coût pour la France et non des moindres. Dans un récent rapport portant sur l’accord franco-algérien de 1968 présenté à l’Assemblée nationale, en commission des Finances le 15 octobre, Charles Rodwell et Mathieu Lefèvre, deux députés du groupe parlementaire «Ensemble pour la République» (EPR)– ancien groupe «La Renaissance»–, estiment en effet le surcoût massif engendré par les ressortissants algériens sur le territoire français dans le cadre de cet accord à 2 milliards d’euros par an. Ces dispositions spécifiques «créent une situation juridique problématique en ce qu’elles instituent une discrimination entre étrangers de nationalités différentes sur le territoire français», ont ainsi dénoncé les auteurs du rapport.
La présentation de ce rapport qui quantifie pour la première fois le coût faramineux de l’accord de 1968 n’a pas manqué de faire des vagues au sein de l’Assemblée nationale, et l’adoption de la résolution du RN, saluée par une standing ovation au sein de l’hémicycle ce 30 octobre, traduit ainsi l’émoi et la colère provoqués par ledit rapport.
Porteuse d’une position sans pour autant contraindre le gouvernement de faire passer une loi en ce sens, cette résolution a ainsi été adoptée par une majorité simple de députés– à 185 voix pour et 184 voix contre– parmi lesquels les Républicains dont le chef de file, Laurent Wauquiez, a rappelé que «l’Algérie continue et ne cesse d’humilier notre nation», soulignant que «ce n’est pas contre les Algériens que la France doit se faire entendre mais contre le gouvernement algérien». Et d’ajouter pour expliquer ce vote en faveur du texte présenté par la niche parlementaire du RN qu’«une seule mesure peut les faire reculer, c’est la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968».
«C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN», s’est quant à elle enthousiasmée Marine Le Pen, cheffe du RN, dont les députés ont pu ce jour, pour la troisième fois depuis 2023, avoir la main sur l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et présenter ainsi des textes consensuels ou soutenus par d’autres groupes tout en intégrant des thématiques portées par le RN.
De quoi réjouir les nombreux politiques qui soutiennent cette initiative, à commencer par l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et envoyer un signal fort au régime d’Alger qui persiste dans son bras de fer avec la France à faire la sourde oreille à toute entente, notamment sur la question des ressortissants algériens frappés d’une OQTF que le pays s’obstine à ne pas vouloir accueillir sur son sol.










