Face à l'épidémie qui a fait plus de 117.000 morts au Royaume-Uni, le gouvernement de Boris Johnson entend protéger le bénéfice de la campagne massive qui a permis de vacciner plus de 15 millions de personnes et les sacrifices consentis par les Britanniques, qui vivent depuis début janvier leur troisième confinement.
Après avoir tenu l'objectif ambitieux d'offrir avant la mi-février un vaccin aux quatre premières catégories de personnes les plus vulnérables, le programme de vaccination s'élargit à partir de lundi aux 65-69 ans.
Déjà en proie à un variant plus contagieux qui a entraîné une explosion du nombre de cas, le gouvernement veut éviter la propagation de variants contre lesquels les vaccins actuels peuvent s'avérer moins efficaces.
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Le gouvernement a déjà interdit les arrivées des non-résidents en provenance des 33 pays d'une liste rouge qui comporte la totalité de l'Amérique latine et l'Afrique du Sud, et où ont été identifiés de nouveaux variants.
A partir de lundi, résidents britanniques ou citoyens irlandais arrivant en Angleterre en provenance de ces pays seront consignés dans un hôtel et placés sous surveillance durant dix jours. Les voyageurs arrivant des autres pays doivent aussi suivre une quarantaine de 10 jours, mais peuvent le faire chez eux.
Prix du séjour: 1.750 livres sterling (près de 2.000 euros), tests compris. Car comme tous les autres voyageurs, ils devront, en plus de présenter un test négatif effectué dans les 72 heures qui précèdent leur départ, être dépistés aux deuxième et huitième jours de la quarantaine.
Il s'agit d'une "nouvelle couche de sécurité contre les variants à la frontière", a souligné dans un communiqué le ministre de la Santé Matt Hancock.
Les contrevenants encourent de lourdes sanctions, allant de 1.000 livres d'amende (1.125 euros) pour un test négatif manquant à l'arrivée jusqu'à 10.000 livres pour ceux qui tentent d'échapper à la quarantaine à l'hôtel. Ceux qui cacheraient leur passage dans un pays à risque encourent 10 ans de prison.
Séjour à l'hôtel et tests doivent être réservés préalablement sur un site dédié. Le gouvernement a déjà réservé près de 5.000 chambres, avec une capacité qui pourra être portée à 58.000.
"Lacunes importantes"Moins étendu que celui mis en place par d'autres pays comme l'Australie, le régime des quarantaines à l'hôtel à l'arrivée en Angleterre a été critiqué, notamment par l'opposition travailliste, estimant qu'il ne va pas assez loin.
Le gouvernement écossais de l'indépendantiste Nicola Sturgeon a quant à elle décidé d'appliquer les mêmes mesures que l'Angleterre, mais en l'étendant à toutes les arrivées. 1.300 chambres sont disponibles en Ecosse.
Interrogé à ce sujet dimanche, le ministre de Affaires étrangères Dominic Raab a estimé qu'il ne serait "pas proportionné" d'imposer une quarantaine à l'hôtel à tous les arrivants sur le sol anglais.
Avant l'entrée en vigueur des quarantaines à l'hôtel, l'aéroport londonien d'Heathrow a fait part samedi de son inquiétude.
"Nous avons travaillé dur avec le gouvernement pour tenter d'assurer la réussite de la mise en œuvre de la politique dès lundi, mais des lacunes importantes subsistent et nous n'avons pas encore reçu les assurances nécessaires", a souligné l'aéroport dans un communiqué.
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La mesure sème aussi la crainte parmi le personnel des hôtels, que, notamment faute de possibilité d'aérer suffisamment, ces établissements se transforment en clusters.
Selon Charlie Islam-Harry, responsable de l'hôtel St Giles d'Heathrow, le personnel s'assurera régulièrement du bien-être de ces clients d'un nouveau genre.
"Forcément ça ne sera pas facile pour eux d'être dans une chambre d'hôtel pendant 10 jours, sans pouvoir aller nulle part", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Mais évidemment pendant leur quarantaine, on essaiera de garder autant que possible nos distances car de toute évidence on ne saura pas quel est leur état de santé".