Qui dirige?
Le premier ministre Han Duck-soo a hérité de la présidence par intérim et pourra gouverner pendant huit mois au maximum, la Cour constitutionnelle ayant 180 jours pour se prononcer sur la validité de la destitution du président, une nouvelle élection devant, en cas de confirmation, être organisée dans les deux mois suivants.
À l’occasion de sa première déclaration en tant que dirigeant temporaire, Han Duck-soo, 75 ans, a promis de faire tout son possible pour «assurer une gouvernance stable».
Quid de la procédure de destitution?
La motion de destitution contre Yoon Suk Yeol a été adoptée par le Parlement à 204 voix pour et 85 contre. La dernière fois que ce cas de figure s’est présenté, la Cour constitutionnelle a remis son jugement 92 jours après le vote des députés, entérinant en 2017 la destitution de l’ex-présidente Park Geun-hye, tombée pour corruption.
Si la Cour fait de même pour Yoon, une élection présidentielle devra être tenue dans les 60 jours. Le vainqueur entrerait dans ses fonctions le jour suivant, sans l’habituelle période de transition.
La Cour compte normalement neuf juges, mais trois ont pris leur retraite en octobre et n’ont pas été remplacés. Six voix étant requises pour valider une destitution, une décision unanime sera nécessaire pour démettre Yoon Suk Yeol.
Selon les experts, cette issue est «très probable», étant donné que le président déchu s’est rendu coupable de violations claires de la Constitution en proclamant sa loi martiale.
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Il est évident que Yoon «a tenté de paralyser les fonctions d’État (...) même les universitaires les plus conservateurs ont reconnu que cela avait provoqué une crise dans l’ordre constitutionnel», relève auprès de l’AFP Kim Hyun-Jung, chercheuse à l’Institut de droit de l’Université de Corée.
Les manifestations vont-elles continuer?
C’est bien possible, estiment les analystes.
«Ceux qui sont pour le départ de Yoon vont probablement se rassembler sur la place de Gwanghwamun, près de la Cour constitutionnelle», pour faire pression, déclare Bae Kang-hoon, du groupe de réflexion politique Valid.
Des protestataires des deux camps ont affirmé à l’AFP qu’ils redescendraient dans les rues jusqu’à la décision de la Cour.
«Je vais assurément manifester devant la Cour pour exiger qu’elle rejette la destitution», a assuré Cho Hee-sun, qui a pris part à un rassemblement pro-Yoon samedi avant le vote du Parlement.
Kim Cho-rong, en faveur de la destitution a, elle, dit qu’elle continuerait de se mobiliser «ces prochaines semaines pour faire entendre (sa) voix aux juges».
En cas d’élection, qui tient la corde?
Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, est vu comme le grand favori par les spécialistes.
«Lee a fait montre d’un fort leadership durant les jours de troubles depuis la déclaration de la loi martiale et joué un rôle clé dans l’adoption de la motion de destitution», estime l’avocat et chroniqueur politique Yoo Jung-hoon.
Selon un sondage publié la semaine dernière, plus de 52% des électeurs voient Lee Jae-myung comme le meilleur candidat, les autres étant relégués loin derrière, en dessous des 10%.
Dans les rangs du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon, le chef de la formation Han Dong-hoon et le maire de Séoul Oh Se-hoon semblent se démarquer.
Qui est Lee Jae-myung?
D’extraction populaire, ayant quitté l’école jeune pour aider sa famille, Lee a connu une ascension sociale fulgurante jusqu’à devenir une vedette de la politique. Il a frôlé la mort en janvier dernier, après avoir été poignardé au cou dans une rue de Busan (Sud) par un individu qui se faisait passer pour un de ses partisans.
À l’élection présidentielle de 2022, il a perdu contre Yoon Suk Yeol, avec le plus faible écart de toute l’histoire de la Corée du Sud.
Cependant, le chef de l’opposition est au cœur de plusieurs scandales. En novembre, un tribunal l’a reconnu coupable de violation des lois électorales, mais le verdict a été suspendu. S’il était condamné, il serait déclaré inéligible à la présidence.
Néanmoins, Lee «reste loin devant» ses potentiels concurrents, pense Yoo, rappelant que les poursuites contre lui seraient en plus interrompues s’il gagnait l’élection, du fait de l’immunité présidentielle.