"On remet à plus tard la résolution des problèmes de fond, on dissimule la poussière sous le tapis, en espérant que personne ne le soulèvera un jour". C'est ainsi que Jeune Afrique, dans son édition datée du 26 novembre au 2 décembre, introduit un grand reportage consacré à "la génération Bouteflika", ces jeunes Algériens nés dans les années 1990 et qui n'ont connu d'autre président que l'actuel locataire du palais El Mouradia.
"J'ai tellement envie d'aimer mon pays, mais je n'y arrive pas, parce que je ne suis pas acceptée comme femme libre", témoigne une jeune étudiante de 20 ans et qui ouvre une série de témoignages recueillis auprès de sept jeunes Algériens.
"Je rêve d'un État qui nous donne la possibilité de rêver d'un lendemain meilleur", affirme à J.A un jeune entrepreneur qui critique le climat des affaires en Algérie.
"(Bouteflika) était comme une assurance pour l'avenir. Dix-huit ans plus tard, il ne reste pas grand-chose de cette assurance. Le président est même devenu un obstacle à l'alternance", témoigne pour sa part un peintre et écrivain de 27 ans.
Plus acerbes sont les propos d'un étudiant qui a vu le jour dans le quartier populaire de Bab El Oued à Alger. Après avoir listé la mal-vie des étudiants algériens, il dit rêver d'un président jeune pour son pays. "Notre pays est jeune. Il doit être dirigé par des jeunes. Je rêve d'un président de moins de 40 ans. La France l'a fait. Pourquoi pas nous?", conclut l'étudiant de 25 ans.
"Chaque fois que la société revendique le changement, ils nous font un chantage à la stabilité pour nous culpabiliser", enchérit Lynda Abbou, journaliste, pour expliquer le climat de terreur que font régner les gouvernants en Algérie pour qu'aucune ligne ne bouge. Et le reste est à l'avenant. Petits détails comme grands ou alors comme ce jeune graphiste qui rêve juste d'une bonne connexion internet…
C'est dire tous les malaises que vivent "Les enfants de Bouteflika" dans un pays à la dérive et dont les problèmes ne font que s'aggraver. Un pays où le rêve est interdit et où l'espoir est mort.