Depuis ce vol au Musée d'art moderne de Paris, un des plus retentissants casses des dernières années, les cinq tableaux, évalués à 109 millions d'euros par leur propriétaire, restent introuvables.
Il s'agit de La femme à l'éventail de Modigliani, de Nature morte au chandelier de Léger, du Pigeon aux petits pois de Picasso, de L'Olivier près de l'Estaque" de Braque et d'une "Pastorale" de Matisse.
Situé près de la Seine, dans le centre de Paris, le Musée d'art moderne possède une fabuleuse collection qui compte notamment des oeuvres de Raoul Dufy ou de Marcel Duchamp.
Les trois hommes ont été condamnés solidairement à payer une amende de 104 millions d'euros à la Ville de Paris, propriétaire des tableaux volés.
Ils ont quitté le tribunal menottes aux poignets.
La peine la plus lourde a été infligée à Vjéran Tomic, un as de la varappe surnommé "l'homme-araignée", 49 ans: huit ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende, "sans qu'il y ait lieu d'envisager un aménagement de peine".
Le tribunal a relevé un "ancrage dans la délinquance", une "insuffisante prise de conscience des interdits légaux" chez M. Tomic qui parle de voler comme son "travail". Le procureur était même allé jusqu'à noter un "professionalisme qui frise l'excellence".
Lors du procès, début février, la défense avait cherché à ramener ce casse inouï à sa "juste dimension" de vol, fût-il d'objets d'arts.
Me David Olivier Kaminski avait rappelé que son client, Vjeran Tomic, n'était qu'un "monte-en-l'air", qui avait profité d'une incroyable défaillance des systèmes de sécurité du musée, où les détecteurs de mouvement étaient en panne depuis deux mois.
Jean-Michel Corvez, un antiquaire, a été condamné à sept ans de prison et 150.000 euros d'amende, ainsi qu'à une interdiction d'exercer le métier d'antiquaire. A aussi été ordonnée la confiscation de sa propriété.
Le tribunal a considéré qu'il était le "véritable donneur d'ordre" du vol de tableaux, mandaté par un commanditaire inconnu: un "rôle pivot" en dépit de ses tentatives pour "minimiser" sa responsabilité.
Quant à Yonathan Birn, 40 ans, un horloger qui, "tombé amoureux" de la Femme à l'éventail de Modigliani, avait accepté de garder les toiles avant, selon lui, de "s'en débarrasser", il s'est vu infliger six ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.
Mais le tribunal a estimé qu'il ne possédait "aucun élément de certitude" que les oeuvres aient été réellement détruites.
A l'annonce de sa condamnation, M. Birn s'est écrié: "C'est une honte. J'ai rien fait de ces tableaux. Ils sont où les tableaux?" Il a brusquement enlevé son pull, laissant voir une étoile jaune avec l'inscription "juif" cousue sur sa chemise, dénonçant une redite de l'histoire.
Menacé d'être évacué par les gendarmes, il s'est finalement rassis pour écouter la fin de la lecture du délibéré.