Les médias officiels algériens ont rendu compte de l’incident dont a été le théâtre, jeudi dernier, Saint-Vincent et les Grenadines dans les Caraïbes. Ils en ont rendu compte à leur façon, inversant les rôles de l’agresseur et de la victime, dans une version sidérante, consistant à dire que ce sont les diplomates marocains qui ont «tenté d’agresser» une représentante de l’Algérie. Les médias officiels ont nié en bloc qu’un diplomate algérien ait agressé l’adjoint de l’ambassadeur marocain à Sainte-Lucie. Nier en bloc, tout en se gardant de nommer le diplomate algérien.
L'embarras des autorités d'Alger, après l'agression physique perpétrée jeudi dernier lors d'une réunion du Comité spécial de l'ONU sur les «territoires autonomes», est tel qu'elles n'ont évoqué ni le nom du diplomate algérien accusé par le Maroc, ni son identité, encore moins la fonction qu'il occupe au ministère des Affaires étrangères. Aucun média officiel algérien, pas même le très officiel journal "El Moujahid", ou encore l'agence de presse algérienne "APS", n'a trouvé utile de citer le dénommé Soufiane Mimouni, qui occupe la fonction de directeur général du MAE algérien, et donc le troisième poste dans l'ordre hiérarchique au sein de ce ministère, après le ministre et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.
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Pourquoi passer sous silence l'identité et le grade de ce haut fonctionnaire du MAE algérien, à l'origine de l'agression physique contre le diplomate marocain Mohamed Ali El Khamlichi, chef de mission adjoint près l'ambassade du Maroc à Castries (Sainte-Lucie)?
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Pourquoi cette gêne des autorités algérienne à citer Soufiane Mimouni, alors qu’il a été clairement nommé dans le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères qui a dénoncé cette agression? La gêne des autorités algériennes à nommer Soufiane Mimouni s’explique par le poste qu’il occupe. En effet, la présence d'une personnalité de haut niveau à un séminaire du Comité spécial de l'ONU, -3e personnalité dans le protocole hiérarchique du MAE algérien-, renseigne clairement sur le degré d'implication d'Alger dans le conflit saharien. Cette participation de haut niveau contredit de manière flagrante les allégations claironnées sur tous les toits selon lesquelles Alger n'est pas partie prenante au conflit du Sahara.
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La présence du numéro 3 du MAE algérien, qui n'a pas été démentie par les officiels algériens, pas plus d'ailleurs que leurs relais médiatiques, gêne en effet au plus haut point Alger, pointée à la fois dans le rapport du SG de l’ONU sur le Sahara et dans la résolution 2351, adoptée fin avril dernier à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, comme étant "partie" au conflit du Sahara, et appelée clairement à jouer un "rôle constructif" dans les efforts déployés à l'international pour trouver une issue politique négociée à ce conflit.
Cette présence du numéro 3 du MAE algérien, Soufiane Mimouni, apporte ainsi une preuve supplémentaire qu'Alger est un protagoniste dans un différend plus que quarantenaire. Sinon, comment expliquer qu’elle envoie à un séminaire qui ne la concerne ni de près, ni de loin le numéro trois dans l’ordre hiérarchique de sa diplomatie! Cela fait un peu trop pour une question de principe. En raison de cette preuve accablante de son implication dans le dossier saharien, Alger a donné ordre à tous les médias officiels de se garder de nommer l’agresseur du diplomate marocain. Et comme d’innombrables témoins ont reconnu Soufiane Mimouni, Alger ne pouvait non plus démentir sa présence aux Caraïbes.