«Nous pensons qu'ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d'innocents», a ajouté le président américain dans une allocution depuis la Maison Blanche.
Mais il a laissé la porte ouverte au dialogue. Tant qu'une invasion ne s'est pas produite, «la diplomatie est toujours une possibilité», a-t-il estimé, annonçant une rencontre entre son secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, jeudi «en Europe».
Pour «éviter le pire», Paris a fait savoir de son côté que le président français Emmanuel Macron allait s'entretenir dimanche au téléphone avec Vladimir Poutine, au lendemain d'un appel avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
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Les craintes d'une intervention militaire russe en Ukraine sont à leur comble en raison de la multiplication, depuis jeudi, des violations du cessez-le-feu entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui se battent depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine, dans un conflit qui a déjà fait plus de 14.000 morts.
L'agence d'Etat russe Ria Novosti a rapporté deux explosions, dont celle d'un oléoduc, à Lougansk, ville de cette région tenue par les séparatistes.
Et les autorités des territoires sécessionnistes prorusses ont ordonné l'évacuation des civils vers la Russie.
«Tout cela correspond à la stratégie déjà utilisée par les Russes par le passé, qui consiste à créer une fausse justification pour intervenir contre l'Ukraine», a affirmé le président Biden après une nouvelle réunion virtuelle avec ses alliés européens et de l'Otan.
«Il est cynique et cruel d'utiliser des êtres humains comme pions en vue de détourner l'attention du monde du fait que la Russie renforce ses troupes en vue d'une attaque», avait déclaré juste avant un porte-parole du département d'Etat américain.
Un responsable américain a estimé vendredi que la Russie disposait de 190.000 hommes aux abords de l'Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. Jusqu'ici, Washington parlait de plus de 150.000 soldats aux frontières du pays.
C'est «la plus grande concentration de troupes militaires» depuis la Guerre froide, a dit le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, jugeant que Moscou était «en mesure, sans autre forme d'avertissement, d'attaquer» le pays voisin.
Poutine accuse Kiev
Le président russe a lui accusé Kiev de nourrir le conflit et constaté une «aggravation de la situation dans le Donbass», région où l'armée ukrainienne affronte depuis huit ans les forces prorusses soutenues par Moscou.
«Tout ce que Kiev a à faire, c'est de se mettre à la table des négociations avec les représentants (des séparatistes) du Donbass et de s'entendre», a-t-il dit, recevant son homologue du Bélarus et allié, Alexandre Loukachenko.
Le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, a assuré que la Russie allait "défendre" les «citoyens russes» qui vivent dans les territoires séparatistes en Ukraine si leurs vies étaient «menacées». «Si la guerre commence, c'est l'Europe qui deviendra le théâtre des hostilités», a-t-il prévenu.
L'Occident unanime a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d'invasion de l'Ukraine. Elles feraient de la Russie un «paria», a encore martelé vendredi un responsable américain.
Mais Vladimir Poutine a de nouveau balayé la menace: «les sanctions seront introduites quoi qu'il arrive. Qu'il y ait une raison ou pas, ils en trouveront une car leur but est de freiner le développement de la Russie».
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Toute la journée, les belligérants dans l'est de l'Ukraine se sont accusés de violer la trêve et d'user d'armes lourdes.
Dans l'après-midi, des bombardements se sont encore fait entendre à Stanitsa Louganska, ville sous contrôle ukrainien, selon des journalistes de l'AFP. Elle avait déjà été visée la veille par des tirs qui ont notamment touché une école maternelle.
Les dirigeants séparatistes de la région de Donetsk et de la «république» voisine de Lougansk ont de leur côté annoncé une évacuation des civils vers la Russie -- mais pas des «hommes capables de tenir une arme».
Et le président russe a ordonné le versement de 10.000 roubles (environ 114 euros) à chaque personne partant de ces zones. Les chaînes de télévision russes montraient des images d'évacuations d'enfants rassemblés dans la cour de leur orphelinat.
Alors que les tensions montent sur le terrain, la Russie a encore affirmé vendredi procéder au retrait d'unités militaires des abords de l'Ukraine, sans toutefois convaincre ses adversaires.
«Cela n'a pas lieu», a répliqué le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a même affirmé que l'armée russe envoyait «davantage de forces» et se préparait à une intervention «en se rapprochant de la frontière, en positionnant des troupes, en augmentant leurs capacités logistiques».
La Russie nie tout projet d'invasion mais réclame des garanties pour sa sécurité, comme le retrait de l'Otan d'Europe de l'Est, autant d'exigences rejetées par l'Occident.
Parallèlement, Washington et Londres ont accusé Moscou d'être «responsable» des dernières cyberattaques ayant visé cette semaine des sites internet officiels ukrainiens, malgré les dénégations du Kremlin.