L'explosion de la bombe lundi soir devant un sanctuaire dans le centre de Bangkok, très fréquenté par les touristes, notamment asiatiques, a fait 20 morts et plus de 120 blessés. Depuis l'attaque, la police thaïlandaise a multiplié les déclarations parfois contradictoires, créant une grande confusion. "Il y a beaucoup de progrès mais je ne peux pas tout dévoiler", a expliqué vendredi Somyot Poompanmoung, le chef de la police thaïlandaise qui a ajouté avoir demandé aux policiers de "ne pas répondre aux questions des médias".
Vendredi matin, il était beaucoup moins précis que la veille sur l'équipe qui aurait planifié l'attentat. Il a expliqué, après une cérémonie multiconfessionnelle en l'honneur des victimes, que le principal suspect, vu sur des images de vidéo-surveillance en train de déposer un sac à dos à l'endroit exact de l'explosion peu avant, devait avoir "des complices qui l'avaient aidé dans l'attaque".
La veille, il avait affirmé qu'une équipe de dix personnes était impliquée dans l'attaque qui avait été bien préparée. "Le but est de discréditer le gouvernement et de créer un climat de peur pour dissuader les touristes," a-t-il affirmé.
L'attentat n'est toujours pas revendiqué
La police et la junte ont à plusieurs reprises exclu la possibilité que l'attaque soit le fait d'un groupe terroriste international, mais certaines de leurs déclarations ont ensuite semblé moins affirmatives sur ce point. Jusqu'ici, les motifs de l'attentat, qui n'a pas été revendiqué, restent inconnus. La piste d'une attaque de la minorité ouïghoure de Chine a été avancée par certains analystes, en riposte à l'expulsion par la Thaïlande d'une centaine de musulmans ouïghours vers la Chine. Mais ces groupes n'ont jamais commis d'attaque en dehors de la Chine.
Habituée aux longues crises politiques, la Thaïlande a connu plusieurs épisodes de manifestations violentes mais jamais d'attentat à la bombe de ce type. Les militants islamistes de la région ont déjà mené des attaques dans des pays d'Asie du Sud, en particulier sur l'île indonésienne de Bali en 2002, mais la Thaïlande n'a à ce jour jamais été une cible. Et aucun lien n'a été fait entre cette attaque et les rebelles musulmans du sud du pays où les attentats sont fréquents, mais jamais de cette ampleur, et leur lutte pour une plus grande autonomie est toujours restée localisée.
“Terribles images”
Les autorités ont confirmé vendredi être certaines que la bombe avait bien explosé dans le sac à dos déposé par le suspect. "Nous ne pouvons pas divulguer les images car elles sont trop horribles", a expliqué le porte-parole de la police nationale Prawut Thavornsiri. Mais la police n'a jusqu'ici pas réussi à identifier cet homme et ne sait pas s'il se trouve toujours dans le pays. La Thaïlande a demandé jeudi l'aide d'Interpol, l'organisation internationale de coopération entre polices. D'après le mandat d'arrêt et le portrait-robot diffusé mercredi, il s'agit d'un "étranger non identifié", grand, à la peau claire, portant des lunettes à monture noire. Il a été entendu parlant une langue étrangère autre que l'anglais. Deux autres hommes, filmés par les images de vidéo-surveillance devant le principal suspect et un temps considéré comme de possibles complices, ont été blanchis.
Vendredi, prières et mantras ont été prononcés lors d'une cérémonie multiconfessionnelle qui a eu lieu à proximité du sanctuaire rouvert depuis mercredi. Les chefs religieux bouddhistes, musulmans, chrétiens, hindous et sikhs étaient présents pour rendre hommage aux 20 morts mais aussi aux 120 blessés de l'attaque.
Vendredi, 63 personnes étaient toujours hospitalisés dont 12 dans un état grave. Parmi les victimes figurent une majorité de touristes, notamment asiatiques, très nombreux à venir visiter ce sanctuaire à ciel ouvert situé dans le quartier commerçant de Chidlom au milieu des immenses centres commerciaux et des grands hôtels.