Automobile: l’électrique en force, Tesla et les marques chinoises volent la vedette aux Européens au salon de Munich

Le stand du constructeur automobile chinois Great Wall Motors (GWM) lors du Salon international de l'automobile (IAA) en Allemagne, le 8 septembre 2021 à Munich.

Tesla et les constructeurs automobiles chinois se préparent à voler la vedette aux Européens au salon de l’automobile de Munich (IAA), l’un des plus grands au monde, qui débute lundi dans un contexte économique morose.

Le 04/09/2023 à 07h04

Le traditionnel rendez-vous du secteur automobile européen sera ouvert mardi officiellement par le chancelier allemand Olaf Scholz. Les fabricants profiteront cependant de la journée presse lundi pour dévoiler de nouveaux modèles.

Mais parmi les groupes du Vieux Continent, seuls les constructeurs allemands Volkswagen, BMW et Mercedes - longtemps fierté nationale mais aujourd’hui fragilisés - sont présents en force.

BMW a déjà présenté samedi son concept de «Neue Klasse» (Nouvelle Classe), sa future génération de six voitures électriques qui seront fabriquées à partir de 2025, pour répondre à la demande de plus en plus élevée en perspective de la fin des moteurs à combustion en Europe en 2035.

Côté français, Stellantis n’est représenté que par sa marque allemande Opel et le groupe Renault uniquement par la marque éponyme, pour dévoiler son nouveau Scenic.

Ce sont, au contraire, les marques étrangères qui s’imposent: Tesla sera de retour sur le salon après dix ans d’absence, et plus encore la concurrence chinoise. Elle «lance son assaut sur l’Europe» avec le salon, résume Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research en Allemagne.

Parmi les exposants, 41% ont leur siège en Chine. BYD, Leapmotor, Geely ou encore Dongfeng exposent leurs modèles. Ils menacent la position dominante des constructeurs européens non pas sur le créneau des voitures thermiques, mais sur le marché stratégique des modèles électriques.

Marché crucial chinois

Leur avantage est de proposer des modèles à des prix nettement inférieurs, alors que les électriques d’entrée-de-gamme se font rares.

«La seule chose qu’ils n’ont pas est la crédibilité de la marque», résume Eric Kirstetter, associé sénior du cabinet de conseil Roland Berger. «Ils vont créer l’univers de marque en renforçant plus que les autres leurs investissements de marketing, ce qui passe notamment par les salons», dit-il.

S’y ajoutent les difficultés des producteurs européens en Chine. Sur l’électrique, Volkswagen ne représentait que 3,1% du marché l’an dernier, loin derrière les marques chinoises BYD (18%), SAIC (dont Wuling) avec 11,9% et l’américain Tesla avec (8,7%).

«Toutes les prévisions anticipent que les groupes internationaux vont perdre des parts de marché sur le marché chinois au profit des locaux et de Tesla», détaille à l’AFP M. Kirstetter.

Le patron du groupe Volkswagen, Oliver Blume a reconnu fin juin les défis posés par la «rapidité et l’évolution spectaculaires de la technologie et des innovations» en Chine, où «un grand nombre de nouveaux concurrents» ont fait leur apparition.

Selon le baromètre de l’innovation automobile du chercheur Stefan Bratzel, publié vendredi, les constructeurs chinois étaient en 2022 «pour la première fois» depuis le début de l’étude en 2005 plus innovants que les groupes allemands.

Ecologie

Les constructeurs traditionnels sont en parallèle sous pression face au ralentissement économique de leur marché historique. Il menace les bénéfices insolents qu’ils ont réalisés depuis la fin de la crise sanitaire, en profitant de l’inflation pour gonfler les marges.

Car si les ventes de voitures dans l’Union européenne (UE) progressent depuis douze mois, elles restent plus de 20% en dessous de leur niveau de 2019.

En outre, le salon devrait être marqué, comme l’édition de 2021, par la contestation écologiste. Plusieurs groupes d’activistes ont annoncé des «actions de désobéissance civile».

Quelque 1.500 personnes sont attendues au «campement pour la révolution de la mobilité», installé dans un parc en banlieue de Munich.

Au total, 700.000 visiteurs sont attendus, contre 410.000 en 2021, sur les stands répartis entre le centre des congrès, payant, et le centre-ville, où seront proposés des animations gratuites autour de voitures... mais aussi de vélos.

Rebaptisé IAA Mobility en 2021, quand le traditionnel salon de l’automobile allemand a déménagé de Francfort à Munich, les organisateurs mettent en avant la «mobilité, la durabilité et la technologie» plus que l’auto.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/09/2023 à 07h04