Le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi, pour la première fois, que l’attentat près de Moscou, perpétré le vendredi 22 mars et revendiqué par le groupe Daech, avait été commis par des «islamistes radicaux», tout en continuant à sous-entendre un lien avec l’Ukraine.
«Nous savons que (ce) crime a été commis par des islamistes radicaux ayant une idéologie contre laquelle le monde islamique se bat lui-même depuis des siècles», a-t-il déclaré lors d’une réunion gouvernementale. «Ce qui nous intéresse, c’est le commanditaire».
«Pourquoi les terroristes, après leur crime, ont essayé de partir en Ukraine? Qui les attendait là-bas? Ceux qui soutiennent le régime de Kiev ne veulent pas être des complices de la terreur, mais beaucoup de questions se posent», a-t-il dit. «On se demande à qui cela profite? Cette atrocité peut être un nouvel épisode de la série de tentatives de ceux qui, depuis 2014, combattent notre pays à travers le régime néonazi de Kiev», a-t-il affirmé.
Kiev et les gouvernements occidentaux ont vigoureusement démenti toute relation entre les autorités ukrainiennes et les auteurs de cette attaque qui, selon un nouveau bilan annoncé lundi soir, a fait au moins 139 morts et 182 blessés.
«Poutine se parle à nouveau à lui-même, et c’était à nouveau retransmis à la télévision. Et à nouveau, il accuse l’Ukraine. C’est une créature malade et cynique», a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son discours du soir quotidien.
Questions en suspens
Plus tôt, le Kremlin avait refusé de commenter la revendication de l’EI. Trois jours après le drame, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l’identité et les motivations des quatre principaux suspects. Ces derniers, dont au moins un est originaire du Tadjikistan, en Asie centrale, ont déjà été placés en détention provisoire jusqu’au 22 mai. Ils encourent une peine de prison à perpétuité.
Trois autres suspects ont été placés lundi en détention jusqu’à la même date. Selon l’agence de presse Ria Novosti, il s’agit d’un père et de deux de ses fils, dont l’un, né au Tadjikistan, a la nationalité russe. Les autorités russes avaient annoncé samedi avoir arrêté au total 11 personnes.
Le groupe Daech, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a revendiqué l’attentat, mais les autorités russes assurent que les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien après l’attaque. Kiev a nié tout «lien avec l’incident», et les États-Unis ont également rejeté la version du président russe.
Le nombre des blessés, toutes gravités confondues, atteint 182, a indiqué lundi soir Alexandre Bastrykine, le chef du Comité d’enquête, lors de la réunion gouvernementale avec le président russe. Selon lui, d’après les premiers éléments de l’enquête, 40 personnes ont été tuées par balles et 45 autres du fait de l’incendie. L’attaque a duré seulement 13 minutes, entre 19h58 et 20h11, avant le départ des assaillants, toujours selon M. Bastrykine.
La lutte contre le terrorisme «nécessite une coopération internationale totale», a estimé lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, mais celle-ci «n’existe pas du tout».