Les quatre auteurs présumés de l’attaque d’une salle de concert à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, le vendredi 22 mars, et qui a fait au moins 137 morts, ont été placés dimanche en détention provisoire après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
Cette comparution intervient au soir d’une journée de deuil en Russie, après l’attentat le plus meurtrier sur le sol européen revendiqué par Daech. Jusqu’à présent, les autorités russe n’ont en pas évoqué la responsabilité du groupe terroriste, citant à l’inverse une piste ukrainienne.
Les services de santé ont indiqué dimanche soir que le nombre de blessés avait été réévalué à 182, dont 101 étaient toujours hospitalisés, et les enquêteurs ont continué à fouiller les décombres du bâtiment ravagé par un incendie déclenché par les assaillants. Les policiers y ont retrouvé quelque 500 balles, deux fusils d’assaut Kalachnikov et 28 chargeurs, précisant qu’ils appartenaient «aux assaillants».
Onze personnes arrêtées
Les quatre hommes arrêtés et accusés de «terrorisme» ont été placés en détention provisoire jusqu’au 22 mai, avec la possibilité d’une prolongation jusqu’à la date de leur procès, dont la date n’a pas encore été fixée. Au total, les autorités russes ont rapporté l’arrestation de onze personnes en lien avec cette attaque.
Selon le tribunal, deux des accusés ont plaidé coupable. L’un d’entre eux, un natif du Tadjikistan, a «reconnu entièrement sa culpabilité». Les autorités avaient précédemment indiqué que les suspects étaient des «citoyens étrangers», sans mentionner leur nationalité.
Le Comité d’enquête, puissant organe d’investigation, n’a pas mentionné la revendication formulée dès vendredi par Daech. Il n’a rien dit non plus de l’Ukraine, alors que le président russe et les services de renseignement (FSB) avaient évoqué cette piste.
Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a estimé dimanche que Daech portait «seul la responsabilité de cette attaque. Il n’y avait aucune implication ukrainienne». Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a aussi mis en doute la version de M. Poutine, disant avoir «très peu confiance» en la parole des autorités russes.
L’hypothèse d’une participation ukrainienne
Dans les rues de Moscou, les avis étaient partagés quant à l’implication de l’Ukraine. «L’Ukraine commet aussi des actes terroristes. Mais là, je ne crois pas à la version de sa participation», a insisté Vomik Aliev, étudiant en médecine de 22 ans.
Pour Valéry Tchernov, 52 ans, c’est tout autre chose. «Qui est derrière (les assaillants)? Les ennemis de la Russie et de Poutine pour déstabiliser le pouvoir, concrètement c’est possible (que) l’Ukraine et les Occidentaux» aient utilisé Daech, a-t-il estimé.
Autre question en suspens, la nationalité des tireurs. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains sont originaires du Tadjikistan, pays confronté à Daech. Le président tadjik Emomali Rakhmon et M. Poutine se sont entretenus dimanche et ont décidé d’«intensifier» leur coopération antiterroriste.
La capitale russe marquait, elle, le deuil national décrété par la présidence. Les drapeaux étaient en berne, de nombreux lieux de divertissements fermés et les restaurants ont promis de reverser leur recette du jour aux victimes. Des affiches sont apparues montrant une bougie sur fond noir et l’inscription «Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil...».