Partis de la ville de Boumerdès, près d’Alger, des milliers d’anciens membres de l’armée algérienne, dont des rappelés et des invalides, ont été stoppés par un impressionnant dispositif de sécurité déployé pour empêcher les manifestants de rallier Alger et de braver l'interdiction des manifestations dans la capitale, instaurée depuis 2001.
Les forces de sécurité ont utilisé des bombes lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants venus de différentes wilayas du pays et qui voulaient exposer leurs revendications au ministère de la Défense, rapportent les médias locaux.
Les manifestants revendiquent "une reconnaissance officielle des sacrifices qu’ils avaient consentis durant la décennie noire au service de la patrie". Ils exigent aussi une prise en charge médicale pour les dommages moraux subis durant la période de leur incorporation dans les rangs de l’ANP, la priorité dans l’accès à l’emploi et au logement ainsi que la régularisation de leur situation vis-à-vis de la sécurité sociale.
Les manifestations de rue sont interdites dans la capitale depuis le 14 juin 2001, date à laquelle une marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l'émeute, faisant huit morts et des centaines de blessés.
L'Organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) avait appelé l’Algérie à "rompre avec ces pratiques répressives en abrogeant le décret de 2001 interdisant toute manifestation à Alger et en permettant aux personnes d’exercer leur droit de se rassembler pacifiquement partout en Algérie".
L’ONG considère que ces lois vont à l’encontre des obligations de l’Algérie en termes de droits humains et prescrites par le droit international. Elle demande au gouvernement de mettre un terme aux restrictions non justifiées de la liberté de rassemblement.
Pour sa part, Amnesty International s’est alarmée de la recrudescence de la répression en Algérie, appelant les autorités de ce pays à cesser leurs tentatives visant à museler les manifestations pacifiques.
Outre l’interdiction des manifestations dans la capitale, l’Algérie continue de rejeter les demandes formulées depuis longtemps dans le cadre des Procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, relatives aux visites des Rapporteurs spéciaux sur la torture, sur la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, et sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires. De même qu'elle rejette les demandes du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires.
Réagissant à cette mesure obstructive, Human Rights Watch a accusé l’Algérie d’être le seul pays d’Afrique du Nord à bloquer "systématiquement" les visites d’organisations de défense des droits de l’Homme.