Selon le FMI, l’économie algérienne est «confrontée à un choc extérieur de grande ampleur et probablement durable, qui nécessite de la part des autorités algériennes une réponse vigoureuses».
Dans le compte rendu, livré le 19 mai après une mission du Fonds monétaire international qui s’est achevée le 16 mai, il est noté que la dégradation des comptes extérieurs et des soldes budgétaires «a mis au jour des vulnérabilités présentes de longue date dans une économie dirigée par l’Etat et excessivement tributaire des hydrocarbures».
En effet, la chute des cours du pétrole a lourdement affecté l’économie algérienne, du fait qu’il représente 60% des recettes publiques et 95% des recettes d’exportations.
Déjà en 2015, les réserves ont reculé de 35 milliards de dollars et le déficit budgétaire s’est fortement creusé pour atteindre 16% du PIB. On notera tout de même que les réserves du pays, malgré leur chute, restent encore importantes, totalisant quelque 143 milliards de dollars.
Les experts du FMI recommandent «un assainissement soutenu des finances publiques à moyen terme, accompagné d’une masse critique de réformes structurelles pour diversifier l’économie».
Le FMI préconise également un retour à l’endettement extérieur. Pour les économistes du FMI, «la diminution rapide de l’épargne publique signifie que l’Algérie devra emprunter davantage pour financer les déficits futurs… (et) ouvrir, dans la transparence, le capital de certaines entreprises publiques à des acteurs privés».
Le dinar surévaluéPour la presse algérienne, ce rapport du FMI soulève des interrogations quant à la pertinence de l’analyse. Le site TSA estime que les «remèdes du FMI sont connus, bien qu’ils n’aient toujours pas porté leurs fruits». Le rapport ne mentionne à aucun moment le problème de l’économie informelle, un mal qui ronge l’économie algérienne et qui représente jusqu’à 60% du PIB».
Par ailleurs, «le constat du FMI sur le dinar algérien est incontestable», rappelle le journal. La monnaie algérienne est «effectivement surévaluée» au regard des fondamentaux de l’économie… Il va falloir donc dévaluer.
Cela dit, l’Algérie serait-elle confrontée à un scénario vénézuélien ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, «ce scénario catastrophe est à écarter pour au moins deux ans», souligne Francis Perrin, un expert dans le domaine de l’énergie.
Cependant, le fonds de régulation des recettes (qui permet de combler momentanément les trous dans les caisses de l’Etat) commence à fondre et ne tiendra pas indéfiniment si les prix du pétrole ne repartent pas à la hausse, explique M. Perrin. D’où le risque, au cas où le pays ne diversifie pas son économie dans les deux années à venir, d’un «scénario vénézuélien».