Algérie, comment le régime a programmé la mort de ce fervent défenseur du peuple mozabite

Photo du défunt Kamaleddine Fakhar, défenseur du peuple mozabite opprimé. 

Photo du défunt Kamaleddine Fakhar, défenseur du peuple mozabite opprimé.  . DR

Le militant mozabite, Kamaleddine Fekhar, incarcéré depuis le 31 mars dernier à la prison de Ghardaïa, est décédé ce mardi 28 mai, a annoncé son avocat et défenseur des droits de l'Homme, Salah Dabouz, imputant ce décès savamment planifié à la régence d'Alger. Décryptage.

Le 28/05/2019 à 14h03

Le régime à la botte du Général Gaïd Salah tente, autant que possible, d'occuper l'esprit des citoyens algériens, en organisant par-ci des simulacres de procès (Saïd Bouteflika, Ahmed Ouyahia, les ex-patrons du DRS, le général Toufik et Tartag, alias le "Bombardier"), et par-là, des sorties provocatrices (maintien de la présidentielle du 4 juillet)...

Ce régime prédateur et incroyablement lâche sait que c'est en "divertissant" le peuple avec ces affaires en trompe-l'oeil qu'il peut se permettre de liquider, sans risquer de faire grand bruit, quiconque menacerait ses intérêts et sa longévité. 

C'est dans ce contexte d'incertitude qu'intervient le décès, ce mardi 28 mai, du militant mozabite et défenseur des droits de l'Homme, Kamaleddine Fakhreddine, deux mois à peine après son incarcration dans la prison locale de Ghardaïa, chef-lieu des Mozabites, un peuple de petits commerçants amazighs, de rite Ibadite, ayant fait l'objet en 2015 de crimes génocidaires de la part de la majorité arabe de rite malékite, avec la complicité assassine du système algérien alors représenté par Abdelaziz Bouteflika. 

En 2015, les autorités algériennes avaient visé les symboles du combat mozabite pour la liberté, à leur tête Kamaleddine Fekhar, dont les tracasseries avaient connu un pic dangereux depuis l'éclatement des événements de Ghardaïa (sud de l'Algérie, où sont concentrées nombre de tribus berbérophones). 

Et pour cause, Kamel-Eddine Fekhar revendiquait une autonomie du peuple mozabite par rapport au pouvoir central. Mais la goutte qui semblait avoir fait déborder le vase, c'est l'appel lancé alors par ce militant pour une protection internationale pour son peuple.

Fakhr croyait dur comme fer que seule une protection internationale pouvait mettre un terme à la violence génocidaire qui s'abat sur les Mozabites. Les autorités d'Alger ne lui ont pas pardonné "cet affront". Elles n'ont rien trouvé de mieux que "la mort à petits feux" pour tenter de se débarrasser discrètement du militant mozabite et défenseur des droits de l'Homme. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 28/05/2019 à 14h03