Lors de sa rencontre avec les directeurs des médias algériens, le 7 mai 2023, Tebboune a déjà donné le ton. Il a ainsi lancé un cri de guerre en disant espérer «voir la presse en Algérie s’ériger en une institution pour dissuader les ennemis de la patrie et faire face aux attaques extérieures subies par le pays», qualifiant cette nouvelle mission dévolue aux journalistes locaux comme relevant d’un «haut sens de patriotisme».
Dimanche dernier, Tebboune a présidé la 9ème édition de la remise des prix aux journalistes professionnels, au cours de laquelle, Mustapha Bounif, prétendu rédacteur en chef d’un journal fantôme, Alhiwar, a été primé, non pas pour ses écrits, mais pour «la qualité de son contenu incarné dans ses publications qui font face et combattent les écrits hostiles à l’Algérie». Cette expression est bien mise en valeur sur l’attestation qui lui a été remise par le ministre algérien de la Communication, Mohamed Laâgab.
Ce «combattant des écrits hostiles à l’Algérie» s’est vu décerner ce prix pour une seule raison: sa haine acerbe contre le peuple marocain et ses institutions, une haine qu’il ne cesse de débiter sur les réseaux sociaux à travers un langage tellement salace qu’il fait honte à ses compatriotes. De nombreux journaux algériens n’ont pas pris la peine de mentionner, dans la liste des primés, la distinction remise à Bounif, qui n’a pas hésité à dévoiler son visage mesquin de «journaliste mendiant», en affirmant: «Je le dis franchement, j’avais besoin de ce geste de la part du gouvernement. Je n’ai pas honte de le dire. L’État algérien a le devoir d’aider non seulement Mustapha Bounif, mais également tous les journalistes algériens en guerre médiatique sur les réseaux sociaux contre le Maroc.»
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Maniant avec dextérité l’art du mensonge comme à son habitude, il a également expliqué, au lendemain de la réception de ce prix, qu’il était juste venu à la cérémonie présidentielle en tant que badaud, avant d’être surpris par les membres du gouvernement algérien qui l’invitent à monter sur le podium pour se faire remettre son prix de l’excellence en matière de violation de l’éthique et de la déontologie journalistiques.
En effet comment peut-on primer un journaliste qui dit ouvertement qu’il fait de la haine du Maroc son gagne-pain, et qu’il ne serait heureux que quand un malheur frapperait le Maroc? Comment décerner un prix de l’excellence à un youtubeur qui affirme que le peuple marocain «n’a ni dignité, ni fierté, ni savoir, ni mœurs. Le Marocain n’a absolument rien»?
Il n’y a rien de surprenant à cette descente aux enfers imprimée à la presse algérienne, car le journalisme «au pays du monde à l’envers», selon l’expression de l’excellent livre «Le mal algérien», a été emporté par la vague de répression implacable qui s’est abattue sur le Hirak, ce mouvement qui a vivement contesté le pouvoir militaire en Algérie (2019-2021), avant d’être astreint au silence et à la prison pour ses militants les plus en vue, dont plus de 300 sont actuellement en détention depuis des années, sans avoir été jugés.
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Les médias algériens ont été mis en coupe réglée par une nouvelle loi de la presse liberticide, votée au printemps dernier par le parlement algérien, et que Tebboune présente comme l’une des réalisations de l’Algérie nouvelle. Le credo de cette loi se résume ainsi: faire dépendre les médias algériens des seules prébendes de l’État ou les acculer à disparaître en les étouffant financièrement avec les impôts, les lourdes amendes ou la mise sous scellés. Le cas du journaliste Ihsane El Kadi, kidnappé chez lui, jugé et condamné à 7 ans de prison avec démantèlement de tout son groupe de presse, est emblématique de l’acharnement de la junte algérienne contre toutes les voix dissonantes.
Ceux parmi les Marocains qui doutent encore de la haine pathologique du régime algérien devraient considérer avec toute l’attention que cela requiert les significations de la récompense accordée par le chef de l’État algérien à un «journaliste» spécialisé dans les insultes infâmes contre le Royaume et ses habitants. Ceux parmi les Marocains qui sont obnubilés par l’actualité du Proche-Orient devraient considérer que l’ennemi n’est pas Israël, mais l’Algérie toute proche.