Après l'offensive du président français devant des chefs d'entreprises du monde entier à Versailles puis Davos (Suisse) le mois dernier, le chef du gouvernement a lancé un message aux investisseurs du Moyen-Orient en ouverture du "World Government Summit", un "Davos du Golfe" organisé à Dubaï.
"La France vit une grande transformation" qui vise à "réparer le pays" et "préparer l'avenir", a dit Philippe devant un millier de personnes. Il leur a décrit un pays qui, avec Emmanuel Macron, a fait "le choix d'écarter une génération" pour "passer à la suite" avec "le plus jeune président de la République (...) jamais élu".
Ultérieurement, le Premier ministre français a supervisé la signature d'un accord entre Airbus et la compagnie aérienne Emirates finalisant l'achat de 20 A380, un bol d'oxygène pour l'avionneur européen dont le gros-porteur était menacé. "C'est évidemment une excellente nouvelle", a-t-il déclaré avant de repartir pour Paris.
Venu aux Emirats pour tenter de convaincre la riche fédération pétrolière d'investir davantage en France, le Premier ministre a assuré ses interlocuteurs du "cadre favorable à l'investissement et aux entreprises" et du caractère "inéluctable et irréversible" de la baisse de la fiscalité des entreprises.
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Commencé en anglais puis prononcé en français, le discours --aux nombreuses références parfois pointues à l'Histoire de France-- a été accueilli par des applaudissements polis. Lors de sa présidence, François Hollande avait déjà lancé en 2014 une offensive pour tenter de tuer le "French bashing" qui décrivait la France comme l'homme malade de l'Europe.
Mais, selon Philippe, l'élection d'un jeune président au détriment de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, tout comme l'embellie économique des derniers mois ont "commencé à changer le regard" sur le pays. Dimanche après-midi, Edouard Philippe s'est par ailleurs entretenu avec son homologue indien Narendra Modi, présent aux Emirats. Les deux hommes ont évoqué "des questions de sécurité, de défense et de production d'énergie", ainsi que "les perspectives de coopération économique", notamment "dans les domaines qui seront au coeur" de la visite d'Emmanuel Macron à New Delhi début mars.
Samedi, pour le premier jour de sa visite aux Emirats, Edouard Philippe avait rencontré successivement les dirigeants des deux grands fonds souverains émiratis puis le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane. "Ce que j'ai senti, c'est leur intérêt soutenu" quant "aux perspectives qui s'offrent en France", a estimé M. Philippe, même si aucun nouvel accord ou contrat précis n'a été évoqué.
Paris veut attirer davantage de pétrodollars alors que les fonds souverains émiratis dont la jauge dépasse les 800 milliards de dollars (environ 652 milliards d'euros),ne comptent que trois milliards d'investissements en France. "Il faut faire en sorte que notre pays soit plus attractif (...), et il y a du travail", a reconnu M. Philippe dans un discours devant la communauté française, sur le navire militaire "Tonnerre" amarré dans le port de Dubaï.
Avec 35.000 Français aux Emirats, dont 25.000 à Dubaï, la richissime fédération accueille une des plus importantes communautés expatriées françaises au monde. Devenus le carrefour du Moyen-Orient, les Emirats sont aussi un partenaire stratégique majeur pour la France, avec trois bases militaires.
Samedi, Edouard Philippe s'est rendu sur une d'elles, d'où décollent des avions de combat Rafale pour frapper l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
Alors qu'une coupe dans le budget des armées avait entraîné la première crise du début du quinquennat Macron, avec l'éviction du chef d'état-major Pierre de Villiers, il a souligné la hausse des moyens militaires prévue dans la nouvelle loi de programmation militaire, avec près de 200 milliards d'euros mobilisés entre 2019 et 2023.