«Allons-y. Bienvenue sur Threads», a écrit le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, sur son compte Threads, un message qui a recueilli plusieurs milliers de «likes» en quelques minutes, signe du démarrage en trombe de ce nouveau venu des réseaux sociaux.
«L’app de conversations écrites d’Instagram.» Voilà la description de Threads (fils en anglais) sur l’Apple Store.
«Nous espérons que (Threads) puisse être une plateforme ouverte et accueillante pour les discussions», a écrit le patron d’Instagram, Adam Mosseri. «Si c’est aussi ce que vous voulez, le meilleur moyen, c’est d’être bienveillant.»
M. Mosseri a regretté que le déploiement de Threads en Europe soit repoussé, expliquant que si Meta avait dû attendre l’aval de Bruxelles, la mise en ligne aurait elle aussi attendu de nombreux mois.
«J’étais inquiet de voir notre fenêtre se fermer, parce que le timing est important», a-t-il justifié auprès du site spécialisé Platformer.
Toujours est-il qu’en sept heures d’existence, Threads avait atteint la barre des dix millions d’inscriptions, selon un post de Mark Zuckerberg sur son compte officiel.
Dans les faits, la présentation de cette nouvelle application apparaît proche de celle de Twitter, avec un fil général, sur lequel figurent déjà de nombreux comptes d’acteurs institutionnels, notamment Netflix ou celui du site d’information spécialisé The Hollywood Reporter.
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La mise en ligne de Threads intervient quatre mois seulement après que les premiers échos du projet ont filtré, et quelques jours seulement après une nouvelle péripétie chez Twitter, dont le réseau social ressort affaibli.
Samedi, l’actionnaire principal Elon Musk a annoncé la mise en place, officiellement à titre provisoire, d’une limite au nombre de messages consultables par compte et par jour, qui a pris à rebrousse-poil usagers, annonceurs et développeurs.
Une décision qui intervient après plusieurs autres mal accueillies depuis la prise de contrôle du milliardaire, notamment la transformation en service payant de la vérification d’un compte ou le licenciement de la quasi-totalité des équipes de modération des contenus.
Lundi, Twitter a aussi révélé que le tableau de bord TweetDeck, très populaire chez les utilisateurs actifs, ne serait bientôt plus accessible qu’aux comptes vérifiés, donc payants.
«Le timing est très bon pour Meta», a commenté Jonathan Taplin, auteur de deux ouvrages sur les géants de la tech, dont «The End of Reality», à paraître en septembre. «Il y a des tas de gens qui ont une résistance presque religieuse à tout ce qui touche à Elon Musk.»
Pour lui, Threads représente bien une menace existentielle pour Twitter.
Rampe de lancement
L’impact immédiat de ce lancement pourrait néanmoins être limité par le fait que Meta a choisi d’attendre avant de proposer Threads aux résidents de l’Union européenne.
Le géant veut se donner le temps de clarifier les conséquences pour la société et ses produits du nouveau règlement des marchés numériques (DMA), entré en vigueur début mai, selon une source proche du dossier.
Le DMA vise à imposer des règles spécifiques aux entreprises incontournables d’Internet, notamment Meta, pour éviter des pratiques anti-concurrentielles.
Meta ne fait pas mystère des synergies sur lesquelles il entend s’appuyer pour faire croître rapidement son nouveau-né, le présentant d’entrée comme une émanation d’Instagram.
Ce dernier «est le produit de la famille Meta qui a le plus de succès», rappelle Pinar Yildirim, professeure de marketing à l’école Wharton de l’université de Pennsylvanie. «Ils ne pouvaient pas associer ce nouveau produit à Facebook, parce que ce nom ne fait plus rêver personne.»
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Avec ses plus de deux milliards d’utilisateurs actifs, Instagram offre à Threads une rampe de lancement dont n’auraient pu rêver les petits compétiteurs de Twitter, de Mastodon à Bluesky, en passant par les sites prisés des ultra-conservateurs comme Truth Social, Parler, Gettr ou Gab.
Threads permet ainsi aux utilisateurs d’Instagram d’être authentifiés avec leurs identifiants existants pour poster du contenu sur la nouvelle plateforme.
«L’équation est simple: si un utilisateur d’Instagram avec un nombre important d’abonnés, comme (Kim) Kardashian ou (Justin) Bieber ou (Lionel) Messi se met à poster sur Threads régulièrement, cette nouvelle plateforme pourrait se développer rapidement et je pense que les budgets publicitaires suivraient dans un délai resserré», a écrit l’analyste Brian Wieser sur Substack, une plateforme de newsletter.
Quelques célébrités semblaient avoir déjà des comptes sur Threads à son lancement, parmi lesquelles la chanteuse Shakira, la mannequin Karlie Kloss ou l’acteur Jack Black.
Cette perspective est potentiellement d’autant plus inquiétante pour Twitter que le groupe de San Francisco a vu fondre son chiffre d’affaires publicitaire depuis l’arrivée d’Elon Musk à sa tête.
Un exode que n’est pas encore parvenu à enrayer la nouvelle directrice générale, Linda Yaccarino, arrivée il y a un mois chez Twitter mais très silencieuse jusqu’ici.