Sous le titre "Sahara: pourquoi la Tunisie s’est abstenue à l’ONU", le magazine qualifie de "surprenante l’abstention de la Tunisie lors du vote de la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU prolongeant le mandat de la Minurso", estimant que cette décision "n’a pas fini d’intriguer les observateurs".
Membre non-permanent du Conseil, la Tunisie a en effet été l’un des deux pays (avec la Russie), sur quinze participants, à exprimer ainsi sa "défiance" vis-à-vis de ce texte pourtant "relativement anodin", s'étonne Jeune Afrique.
Une position d’autant moins "compréhensible" qu’elle a été suivie le jour même d’une déclaration de Walid Hajjem, conseiller du président Kaïs Saïed et porte-parole officieux du palais de Carthage à l’agence TAP, dans laquelle il affirme que la Tunisie accueille favorablement et avec satisfaction ladite résolution, écrit JA, qui demande "comment peut-on se réjouir de l’adoption d’un texte que l’on s’est abstenu d’approuver?".
La première explication à ce "paradoxe partagée par la plupart des commentateurs", voit dans l’abstention tunisienne la "résultante de pressions algériennes", note-t-on, rappelant qu’en plein conflit avec le Maroc, l’Algérie avait en effet rejeté avant même son adoption une résolution qualifiée de "partiale" et de "fondamentalement déséquilibrée".
Lire aussi : Sahara: la Tunisie de Kaïs Saïed souffle le chaud et le froid
En cause, notamment, la présence dans le texte d’éléments de langage tels que "processus politique", "table ronde" ou "solution politique juste, durable et mutuellement acceptable basée sur le compromis" qu’Alger interprète comme un "soutien voilé" à la proposition marocaine d’autonomie interne.
"Si cette analyse était avérée, elle signifierait que la Tunisie a abandonné sa position traditionnelle dite de "neutralité positive" à propos du Sahara, au risque d’ouvrir une crise avec le Maroc", remarque l'auteur de cet article. "Mais comment, dans ce cas, élucider ce qui ressemble fort à un rétropédalage du conseiller Walid Hajjem?", s’interroge encore Jeune Afrique, pour lequel de "très bonnes sources diplomatiques" auxquelles le magazine a eu accès confient une tout autre explication: "le président Kaïs Saïed n’était tout simplement pas au courant de la décision d’abstention prise par le ministère des Affaires étrangères que dirige Othman Jerandi, décision dont il aurait été informé a posteriori et à propos de laquelle une enquête interne aurait été diligentée".
Cette version des faits, "servie par l’entourage proche du président à certaines personnalités étrangères concernées par le dossier du Sahara a le mérite d’expliquer ce qui apparaît, pour le moins, comme une contradiction", conclut Jeune Afrique.