«Parce que c’est énorme et totalement faux. Nous rejetons ces accusations sans équivoque. Loin d’être dans une dynamique de dialogue, ils ont mené une véritable campagne médiatique sur la base d’accusations infondées, induisant plusieurs médias et journalistes dans l’erreur».
C’est la réponse de Nasser Bourita au journaliste de «La Tribune de Genève» qui l’interrogeait sur la «véhémence» de la réaction du Royaume au rapport injurieux de l’ONG Amnesty International.
«Ils ont tenté de faire le lien dans leur document entre le Maroc et NSO, or aucune évidence ne vient établir et prouver un quelconque lien», explique le responsable marocain qui rappelle que, jusqu’à présent, l’ONG basée à Londres n’a pas communiqué aux autorités du Royaume les preuves étayant ses graves accusations.
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«Ils affirment que seuls les États peuvent pirater les téléphones en utilisant les réseaux qu’ils contrôlent via les opérateurs de téléphonie. Mais aujourd’hui, les appareils qui permettent d’imiter le signal des réseaux et de pirater les téléphones mobiles sont vendus en ligne», ajoute Nasser Bourita qui se soulève également contre le ton utilisé dans le rapport incriminé. «Nous ne pensons pas que le «name and shame» soit la meilleure manière de faire progresser les choses, si tenté soit-il que c’est là l’objectif».
Quand la SG d’AI répond sans répondreInterrogé quant aux propos de la SG de l’ONG qui prétend avoir répondu à la requête des autorités marocaines, le responsable a tenu à clarifier les choses et à lever toute sorte de doute.
«Le document qui nous a été adressé ne répond pas à nos questions. Ce que nous attendions, c’est un rapport détaillé étayant les allégations d’espionnage. Nous avons requis un accès à la chaîne de traçabilité du téléphone en question, incluant le software et le hardware, afin que les autorités marocaines compétentes puissent faire leur contre-enquête en bonne et due forme. Car tout un travail s’impose afin de comprendre comment le piratage a pu se faire», précise Nasser Bourita.
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«Si quelqu’un écoute nos citoyens, a fortiori quelqu’un d’externe, nous devons savoir de qui il s’agit. Aujourd’hui, force est de constater qu’Amnesty n’est pas en mesure d’apporter la moindre preuve. Et nous ne sommes pas les seuls à le dire», enchérit le ministre qui rappelle le récent verdict rendu par le tribunal de Tel-Aviv qui a rejeté lundi dernier la plainte déposée par Amnesty contre l’entreprise NSO en justifiant cette décision par l’incapacité d’Amnesty à prouver que le logiciel était utilisé par leur gouvernement. «Tout cela fait planer de sérieux doutes sur leur méthodologie. Et le Maroc ne cédera pas à ce chantage», ajoute Nasser Bourita.
Un Etat et des institutionsLe Maroc qui ne serait pas à l’aise en matière de respect de la liberté d’expression comme le prétend AI?
«Une telle déclaration balaie d’un revers de la main plus de deux décennies d’acquis en matière de droits de l’Homme, reconnus par tous, et d’édification d’institutions et de consolidation de bonnes pratiques pour nous classer dans la même catégorie que des pays qui ont commis de véritables atrocités envers leurs propres populations. Cette déclaration fait également fi des autorités du pays, de sa société civile et de ses citoyens», répond Nasser Bourita.
«Nous nous enorgueillissons du dynamisme de notre société civile et notre pays a fait de son développement une politique d’État. Et ça, il faut le reconnaître. Et il faut souligner que pour la seule année 2020, Amnesty a publié en toute liberté sept rapports tendancieux sur le Maroc, sans compter les quelque 72 autres documents qui nous ont été ouvertement défavorables, sans que cela ne suscite de réactions des autorités», ajoute le ministre marocain qui explique que le Maroc n’attend pas d’être «ménagé» et encore moins «flatté», «mais les réformes entreprises par le Maroc dans le domaine des droits de l’Homme ont été empreintes de courage et d’ouverture».
Des preuves ou des excuses«Nous n’avons fait que demander des preuves, ou des excuses. Nous pensons qu’au fond, Amnesty n’a pas les intérêts du Maroc à cœur, ni ceux de ses citoyens ou de ses institutions». Tel est le commentaire que fait Nasser Bourita aux allégations de l’ONG prétendant que le Maroc chercherait à la décrédibiliser.
«Le Maroc n’est pas dans cette logique de fermer la porte aux rapports qui, soi-disant, nous feraient grincer des dents. Notre pays n’est ni allergique aux rapports d’organismes internationaux ni à l’interaction», rappelle le responsable marocain. «Notre trajectoire n’est pas parfaite, mais nous avançons sereinement par rapport aux attentes de nos citoyens. Cependant, le Maroc est en droit de souhaiter une interaction fondée sur le respect, et c’est ce que nous exigeons d’Amnesty», poursuit Nasser Bourita qui rappelle la gravité des accusations du rapport de l’ONG.
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«Faut-il rappeler que de telles accusations touchent à la fois à la sécurité nationale d’un État et aux libertés individuelles de ses citoyens? Cette double dimension impose moult précautions et de la nuance dans le propos. Nous reprochons à Amnesty d’avoir failli au devoir de neutralité et d’objectivité et d’avoir péché par manque de professionnalisme».
Tout est dit et le Maroc, faut-il le rappeler encore une fois, attend toujours une réponse détaillée et surtout des preuves.