Venu présenter son nouveau livre, «Le temps des combats», paru aux éditions Fayard en août 2023, sur le plateau matinal de Bruce Toussaint, Nicolas Sarkozy a tout d’abord été invité à partager son ressenti sur la situation que traverse le Maroc, un pays qu’il connaît bien, au lendemain du séisme qui a frappé le pays, le 8 septembre dernier. «Vous savez, comme beaucoup de Français j’aime le Maroc. Pour une raison que j’ignore, je ne peux pas lire Camus sans me dire que j’aurais aimé naître en Afrique du Nord», a déclaré Nicolas Sarkozy, évoquant notamment les trajets en bus reliant la ville à la mer décrits par Camus dans certains de ses romans, qui, s’ils renvoient en fait à Alger, ne sont pas sans évoquer le Maroc et ses paysages pour l’ancien président français.
«J’aime ce soleil, j’aime cette lumière, j’aime cette civilisation et, immédiatement au Maroc, je me suis senti chez moi. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi. C’est un pays que j’aime. J’aime la noblesse, l’élégance des Marocains, leur chaleur, leur accueil, quel que soit leur niveau social», a-t-il poursuivi avec éloquence.
Au sujet de sa relation avec le Souverain du Maroc, l’ancien président français a déclaré «j’ai bien connu, je connais bien, je crois, le roi du Maroc, Sa Majesté. C’est un grand dirigeant. C’est un très grand dirigeant». Nicolas Sarkozy considère ainsi le Maroc comme «un grand allié de la France» et estime que «cette catastrophe épouvantable a touché bien au-delà de la communauté franco-marocaine».
«C’est si proche de nous. Ils sont si proches de nous. Et puis Marrakech, à 70 km de Marrakech, un tremblement de terre niveau 7, c’est bouleversant et c’est beau de voir les Français bouleversés par cela», poursuit-il.
Bruce Toussaint rebondit ensuite sur un passage du livre de Nicolas Sarkozy dans lequel, selon lui, on pourrait trouver une raison qui expliquerait que la France n’a pas officiellement reçu de feu vert du Maroc pour y envoyer des équipes humanitaires. Un sujet qui occupe la Une des médias en France depuis plusieurs jours. Dans le passage en question, Nicolas Sarkozy écrit en l’occurrence: «la France doit chérir les relations privilégiées avec ce pays, elle doit les préserver, car elles ne vont pas de soi. Les Marocains sont parfois sensibles jusqu’à la susceptibilité (…) Le président Macron n’a pas toujours su trouver les mots et les gestes que les Marocains attendaient. Son tropisme algérien lui procurera bien des déceptions».
Lire aussi : Séisme: Emmanuel Macron enjambe le roi Mohammed VI et s’adresse directement aux Marocains
L’ancien chef d’État, sans vouloir commenter la chose, ne connaissant «pas le détail des relations [franco-marocaines] aujourd’hui» dit-il, rappelle que le Maroc, ancien protectorat, fait partie des rares pays qui n’en veulent pas à la France, ancien empire à l’histoire coloniale, et à leur histoire commune, contrairement à un pays comme l’Algérie «dont les dirigeants, depuis les années 1960, ont besoin de désigner systématiquement un ennemi, en l’occurrence la France».
Ainsi, poursuit Nicolas Sarkozy, «la relation franco-marocaine a toujours été essentielle», relatant de manière anecdotique le jour où le président Bouteflika lui en avait «amicalement» voulu parce qu’il avait fait sa visite d’État de président de la République au Maroc avant l’Algérie. Et de se souvenir des propos qu’il lui avait alors tenus: «écoute, je préfère aller dans un pays où on nous accueille magnifiquement, célébrant l’amitié et la proximité de la culture franco-marocaine plutôt que dans un pays, où sur trois jours de visite, je passe deux jours à me faire rattraper alors que j’étais à peine né au moment où finissait la guerre d’Algérie».