Si les détails du séjour algérois du chef de la diplomatie française n’ont pas filtré, le ministre français devrait aborder avec ses partenaires algériens plusieurs dossiers régionaux particulièrement chauds. «La situation au Mali devrait ainsi être au cœur des discussions, Alger s’inquiétant de l’instabilité chronique de son voisin du Sud, en particulier depuis la remise en liberté de 204 jihadistes qui ont pu regagner le nord du pays en échange de la libération des otages Soumaïla Cissé et Sophie Pétronin», annonce le magazine panafricain.
Alors que toute intervention de l’armée algérienne hors du pays est en principe exclue, les problèmes d’insécurité au niveau de sa frontière avec le Mali pourraient pousser l’Algérie à intervenir directement, indique Jeune Afrique.
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Alors que la révision constitutionnelle fera l’objet d’un référendum le 1er novembre, la nouvelle mouture du texte prévoit de donner le droit au président –chef suprême des forces armées et ministre de la Défense –d’engager des troupes, avec l’accord des deux tiers du Parlement, ajoute le magazine. De son côté, la France compte plus de 5.000 hommes présents au Sahel, et notamment au Mali, pour combattre les jihadistes.
Pour Jeune Afrique, «nul doute que la crise libyenne sera également au menu des discussions». «Sur ce dossier, Paris et Alger ont trouvé quelques points de convergence ces derniers mois. La France œuvre ainsi à l’organisation d’une réunion sur la Libye réunissant tous les pays limitrophes, ce qui exclurait de fait le Maroc, qui a repris du poids dans le dossier libyen à la faveur des réunions de Bouznika», affirme la publication.
Et de poursuivre que la France, accusée d’avoir soutenu Khalifa Haftar, se trouve quelque peu marginalisée dans les négociations depuis le revers subi par le maréchal cet été. L’Algérie a de son côté eu des velléités de peser davantage sur la médiation, en proposant l’ex-ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra en remplacement de l’émissaire de l’ONU en Libye Ghassan Salamé, qui a démissionné en mars. La proposition aurait reçu l’appui du président français Emmanuel Macron, qui entretient de bonnes relations avec l’ancien ministre algérien. «Une ambition finalement déçue, notamment du fait du lobbying marocain et émirati à Washington», souligne Jeune Afrique.
Par ailleurs, selon l'hebdomadaire parisien, une réunion inter-libyenne doit avoir lieu le 26 octobre à Tunis, où le président Kaïs Saïed a reçu le ministre des Affaires étrangères algérien Sabri Boukadoum fin septembre. La rencontre avait porté en particulier sur la Libye, dossier pour lequel a été «enregistré une convergence de vues autour du rôle des deux pays». De son côté, Jean-Yves Le Drian se rendra en Tunisie le 21 octobre. Alger et Paris pourraient ainsi trouver dans la réunion de Tunis l’occasion de revenir dans le jeu libyen, souligne encore le magazine.
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Sur le plan bilatéral, la France et l’Algérie veulent, depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, œuvrer à solder les «questions mémorielles» héritées de la Guerre d’Algérie, indique Jeune Afrique. Dans ce cadre, le président français Emmanuel Macron a confié à l’historien Benjamin Stora une mission sur «la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie». Côté algérien, c’est Abdelmadjid Chikhi qui a été désigné pour rétablir la vérité sur la période coloniale.
Par ailleurs, le nouvel ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, a pris ses fonctions début octobre. «Un changement bien accueilli à Alger, où la personnalité du diplomate sortant Xavier Driencourt, déjà ambassadeur en Algérie entre 2008 et 2012, était devenue un objet de crispation entre les deux capitales», estime par ailleurs Jeune Afrique.