La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a décidé de rappeler la chaîne 2M aux principes encadrant le service public audiovisuel, après la diffusion d’un concert du rappeur marocain El Grande Toto dans le cadre du festival Mawazine.
Selon la décision n°25-30 du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, adoptée lors de la réunion du 17 juillet 2025, la HACA a reçu plus de 190 plaintes entre le 2 et le 7 juillet 2025. Les plaignants estiment que ce spectacle contenait des propos et des scènes jugés contraires aux bonnes mœurs et susceptibles d’influencer négativement l’éducation des jeunes.
Bien que la HACA ait décidé de classer ces plaintes sans suite, l’institution a relevé que 2M «n’a pas assuré un contexte de diffusion approprié», notamment par un usage insuffisant des signalisations et la prise en compte du public ciblé, et ce, malgré la diffusion du concert après 23h05.
La HACA a rappelé que son rôle consiste à garantir que les contenus audiovisuels, en particulier ceux relevant du service public, soient conformes aux lois encadrant le secteur et respectueux des valeurs démocratiques ainsi que des droits fondamentaux de toutes les catégories de public.
Elle a également souligné que le modèle marocain de régulation repose sur la liberté d’expression et que la HACA n’a pas vocation à censurer la création artistique ni à intervenir dans les choix éditoriaux des diffuseurs. Le contrôle de la qualité artistique des œuvres ne relève pas de ses compétences.
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Toutefois, la décision insiste sur la nécessité pour les opérateurs audiovisuels publics de respecter leurs engagements, en adoptant des mesures pour protéger le public et assurer un équilibre entre liberté d’expression, diversité culturelle et préservation des valeurs.
Réactions des plaignants
Pour Hassan Hamourou, l’un des plaignants, et membre du conseil national du Parti de la justice et du développement, le classement sans suite de ces plaintes «encourage 2M à continuer à diffuser des contenus menaçant ainsi les valeurs partagées par les Marocains via un média financé par l’argent public».
Il estime que la HACA «couvre les dérives de la chaîne et son non-respect manifeste du cahier des charges», rappelant que l’article 3 de ce document impose des obligations claires. Selon lui, la HACA aurait dû «sanctionner» plutôt que «théoriser la liberté d’expression et artistique».
La HACA n’est pas du même avis. Décider de ne pas sanctionner 2M est pour le régulateur une occasion d’affirmer que le service public de l’audiovisuel a un devoir d’inclusion et d’interaction avec toutes les catégories du public, y compris à travers la prise en compte des pratiques culturelles et des codes d’expression des jeunes générations.







