El Moudjahid a notamment brillé en étant le premier quotidien à applaudir l’arrestation, le samedi 4 mai dernier, du trio Saïd Bouteflika-Toufik-Tartag, présentant ces interpellations comme une réponse du chef de l’armée et nouvel homme fort de l’Algérie, Ahmed Gaid Salah, «à la demande de plus en plus pressante du mouvement populaire formulée dans chacune des marches pacifiques chaque vendredi au niveau national» et un solide point d’appui à l’opération «Mains propres» menée par «la justice».
Ce mardi 7 mai, le sacre de Gaïd Salah est entériné dans El Moudjahid, journal étatique et organe officiel de l'Etat algérien. A lire l’éditorial de ce matin, ceux qui critiquent le chef d'état-major seraient dépêchés par des personnes qui auraient peur de l’opération «Mains propres» engagée par Gaid Salah.
«On le sait maintenant, les "infiltrés" du mouvement citoyen tentent par tous les moyens d’instrumentaliser la rue, de semer la confusion et de pousser vers le pourrissement et l’impasse, en mobilisant des groupes corporatistes porteurs de slogans de nature à semer la suspicion sur les décisions prises. Cela passe par la minimisation des actes de salubrité publique pris par les institutions de la République, à commencer par le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire et la Justice», lit-on d’emblée.
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«À l’évidence, de gros intérêts sont en jeu, touchés par l’opération "Mains propres" qui continue, et cela ne plaît pas forcément à tout le monde, encore moins à ceux qui sont directement mis en cause, d’autant plus que, jusque-là, ces personnages se sont crus intouchables, l’immunité d’un côté et l’impunité de l’autre ont fini par instituer l’omerta, l’arbitraire et la cupidité en organisation informelle, glauque et gluante, puissante et arrogante», lit-on.
Ceux qui osent critiquer la démarche parmi les Algériens sont qualifiés d’activistes «n’ayant pas eu de visibilité politique et s’étant autoproclamés défenseurs des droits humains et parfois, sans la moindre indécence, porte-parole du mouvement citoyen». Sur le fait qu’il faille une justice de transition pour mener ces arrestations et procès, défendue par nombre d'acteurs politiques et associatifs, le quotidien oppose l'«argument» que l’opération a touché au fond leurs parrains et leurs bailleurs de fonds.
El Moudjahid veut faire croire que «El-Djeich - Echaâb, Khawa-Khawa». («L'armée et le peuple sont des frères»). Verdict ce vendredi.