Pourquoi Kamala Harris en une du magazine "Vogue" fait-elle à ce point polémique?

Kamala Harris en couverture de "Vogue".

Kamala Harris en couverture de Vogue. . DR

La couverture de l’édition de février du magazine américain "Vogue", consacrée à la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a d’ores et déjà suscité une vive polémique. Le pourquoi du comment d’une vague d’indignation.

Le 13/01/2021 à 16h34

C’est une première aux Etats-Unis, une femme a été élue au poste de vice-présidente. Pour célébrer cet évènement historique, le magazine de mode Vogue a consacré, non pas une, mais deux couvertures numériques à Kamala Harris, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, date de l’investiture de Joe Biden.

Kamala Harris apparaît en pied sur l’une des couvertures au fond rose, vêtue en costume noir, d'un tee-shirt blanc et d'une paire de baskets Converse aux pieds, dans une attitude assez décontractée. Sur la seconde couverture dont le fond est cette fois-ci représenté par un drap de soie jaune, Kamala Harris, en plan serré et tailleur bleu clair, pose cette fois-ci les bras croisés.

Une simplicité et un minimalisme qui contrastent beaucoup avec les couvertures bien léchées du magazine Vogue, et que les internautes n’ont pas manqué de remarquer. Jugée par certains "pas terrible", ou encore "très en dessous des standards du magazine", bon nombre d'internautes critiquent l'aspect "fait à la va-vite" de cette couverture. 

Mais sur les réseaux sociaux, ce que l’on dénonce surtout, c’est l’éclairage de la photo qui tend à blanchir la peau de la première femme afro-asiatique à occuper ce poste. «Quel gâchis. Anna Wintour ne doit vraiment pas avoir d'amis et de collègues noirs», tweete Wajahat Ali, journaliste au New York Times.

Anna Wintour, rédactrice en chef du célèbre magazine, précédemment épinglé par le mouvement Black Lives Matter pour le peu de couvertures accordées à des femmes noires mais aussi le faible nombre de collaborations nouées avec des stylistes et des photographes noirs, n'a pas tardé à répondre à ses nombreuses voix qui dénoncent un whitewashing (blanchiment de la peau d'une personne noire).

"Nous avons évidemment entendu et compris la réaction à la couverture du magazine papier et je tiens à réitérer que nous n'avions absolument pas l'intention, en aucune façon, de diminuer l'importance de l'incroyable victoire de la vice-présidente élue", s'est défendu Anna Wintour dans les colonnes du New York Times. L'image est "si joyeuse et optimiste", a-t-elle poursuivi, "je ne peux pas imaginer que quelqu'un y voit autre chose que ça, l'image d'une femme en pleine possession de ses moyens qui, avec le président élu, va apporter à ce pays le leadership dont il a besoin. Pour moi, c'est une affirmation très importante et positive sur les femmes et les femmes au pouvoir."

Mais ce n’est pas tout. Les lecteurs du magazine ont pu également constater que dans la longue interview accordée à Kamala Harris, les questions relatives à la mode sont très rares. Bizarre pour un magazine pourtant spécialisé dans la mode de ne se pencher, pour l’occasion, que sur le parcours de la vice-présidente, arguent les critiques. Un choix éditorial d’autant plus critiqué que Kamala Harris, première femme donc à accéder à ce poste, pose en baskets Converse.

Une femme de pouvoir peut-elle se permettre un look casual chic? Au vu de la réaction de bon nombre d’internautes, la réponse est non. Pourtant, ce dress code là, Kamala Harris l’entretient depuis longtemps et visiblement, son investiture au poste de vice-présidente n’y change rien… fort heureusement.

Car ce qui relie Kamala Harris à Alexandria Ocasio-Cortez, pour ne citer que ces deux femmes de pouvoir américaines, c’est bien de rompre avec le style classique dans lequel on souhaite enfermer les femmes qui accèdent au pouvoir et donner une autre image de la femme politique. Car, oui, on peut être une femme de pouvoir et vivre avec son temps, en bousculant au passage quelques clichés un peu trop bien enracinés au sommet de l’échelle.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 13/01/2021 à 16h34