"A la suite des récentes rumeurs de marché, le groupe LVMH confirme qu'il a engagé des discussions préliminaires concernant une éventuelle opération avec Tiffany", indique-t-il dans un communiqué, tout en précisant qu'à ce stade, il n'y avait "aucune certitude" que ces discussions aboutissent à un accord.
Le propriétaire de Louis Vuitton, Dior et des champagnes Veuve Clicquot et Moët & Chandon, présidé par le milliardaire français Bernard Arnault, avait fait une offre en début du mois au bijoutier, avait indiqué à l'AFP dans la nuit de samedi à dimanche une source proche du dossier, selon qui LVMH avait alors proposé 14,5 milliards de dollars. Un tel rachat constituerait une des plus grosses acquisitions du groupe français, présent dans différents secteurs d'activité, allant de la mode aux vins et spiritueux en passant par les parfums, les cosmétiques et la distribution sélective (Sephora).
A 11H (10H GMT) à la Bourse de Paris, l'action LVMH était stable (-0,03% à 383,85 euros). En revanche, Tiffany bondissait de 21,26% dans les échanges préliminaires avant l'ouverture du Nasdaq. La capitalisation boursière du joaillier était de près de 11,9 milliards de dollars vendredi à la clôture.
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Il est "peu probable que les actionnaires de Tiffany acceptent cette proposition initiale", de 14,5 milliards de dollars, "étant donné qu'elle ne représente qu'une prime modeste par rapport à sa valorisation actuelle", a averti Michael Hewson, analyste pour CMC Markets. Cette opération, si elle prenait forme, permettrait à LVMH de "compléter un portefeuille de marques uniques", en renforçant sa présence dans la joaillerie, ont commenté les analystes d'Invest Securities.
Dans ce secteur, selon eux, "LVMH, déjà propriétaire de la marque Bulgari, qu'il a magnifiquement redressée et relancée depuis son acquisition en 2011, viendrait titiller le leadership du groupe Richemont", propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels. Elle pourrait également doper la croissance du géant français aux Etats-Unis, son deuxième marché après l'Asie, et limiter par la même occasion les effets négatifs des tensions commerciales qui menacent la demande pour le luxe en Chine.
"C'est tout dire de l'importance que le groupe LVMH continue d'attribuer au marché américain qui reste intrinsèquement le premier débouché mondial du luxe", ont ajouté les analystes d'Invest Securities. Tiffany, dont le magasin amiral jouxte la Trump Tower sur la 5e Avenue à New York, n'a pas encore officiellement répondu à la proposition de LVMH.
L'annonce de discussions entre les deux entreprises intervient sur fond d'inauguration à la mi-octobre d'une usine Louis Vuitton dans le Texas (sud), par M. Arnault, accompagné par le président américain Donald Trump et sa fille Ivanka. Tiffany a enregistré une hausse de 6,5% à 4,4 milliards de dollars de son chiffre d'affaires lors de son dernier exercice fiscal, mais sa croissance est freinée par le dollar fort et une baisse des dépenses des touristes aux Etats-Unis.
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LVMH pourrait "singulièrement" améliorer "le profil de rentabilité et de croissance" du bijoutier, qui a "relativement déçu sur la période récente, avec des performances très inégales et contrastées suivant les zones géographiques et les périodes et une rentabilité opérationnelle moyenne en regard de l'image et du potentiel de la marque", ont estimé les analystes d'Invest Securities.
Fondé en 1837 par Charles Lewis Tiffany, le joaillier new-yorkais avait ouvert sa première boutique dans le sud de Manhattan. Il était entré en Bourse en mai 1987, près de 150 ans après sa création.