Des requins testés positifs à la cocaïne: un phénomène qui inquiète

Des requins au large des côtés brésiliennes. (Photo d'illustration)

Treize requins ont récemment été testés positifs à la cocaïne par des biologistes marins, au large des côtes du Brésil. Une découverte qui intrigue et inquiète.

Le 25/07/2024 à 14h16

C’est une découverte pour le moins étonnante que celle réalisée au Brésil par une équipe de biologistes marins alors qu’ils procédaient à des prélèvements sur treize requins à museau pointu, au large des côtes de Rio de Janeiro,

«Les résultats indiquent que tous les requins ont été exposés à la cocaïne dans leur habitat naturel», a révélé cette étude publiée le 19 juillet dans la revue Science.

Pour expliquer ce phénomène, les biologistes se tournent vers plusieurs scenarii. Première hypothèse, la drogue se déverserait probablement directement dans la mer par les eaux usées des laboratoires illégaux où la cocaïne est raffinée. Elle proviendrait également des consommateurs de drogue via les eaux usées non traitées. Une hypothèse d’autant plus probable que «le canal de Sernambetiba, l’un des principaux canaux urbains associé au sous-bassin hydrographique de la zone côtière de Rio de Janeiro, possède de nombreux conduits clandestins d’évacuation des eaux usées», explique-t-on dans l’étude.

Deuxième hypothèse, celle-ci moins probable que la précédente mais à ne pas écarter selon les biologistes, la possibilité que des paquets de cocaïne jetés ou perdus en mer par des narcotrafiquants aient contaminé les eaux ou aient été ingérés par les requins. Pour l’heure, les scientifiques entreprennent des recherches supplémentaires pour déterminer si la cocaïne altère ou pas le comportement des requins.

Pour réaliser cette étude, l’équipe de biologistes marins a acheté treize requins de cette espèce à des bateaux de pêche. «Après avoir disséqué les requins en laboratoire, l’équipe a testé les tissus musculaires et hépatiques à l’aide d’une technique standard appelée chromatographie liquide avec spectrométrie de masse en tandem», explique la revue scientifique. Or, tous les échantillons se sont révélés positifs et «les concentrations étaient jusqu’à 100 fois supérieures à celles précédemment rapportées pour d’autres créatures aquatiques», poursuit-on.

Au-delà du risque encouru par la faune locale du fait de cette intoxication aux drogues, l’équipe de scientifiques relève que les requins sont une source courante de nourriture au Brésil. Or, s’ils sont fortement contaminés par la cocaïne, ils pourraient constituer un risque pour la santé.

Par Leïla Driss
Le 25/07/2024 à 14h16