Vidéo. Samir: la drôle de mise en scène du syndic

le360

A force de se voir reprocher de travailler en toute opacité et d’interdire aux médias l’accès aux séances du tribunal de commerce de Casablanca, Mohamed El Krimi, syndic de la Samir, communique désormais à outrance. La presse a même eu droit à un intermède des plus intrigants.

Le 20/02/2017 à 17h23

Alors que la presse était conviée à une conférence de présentation de la procédure de consultation ce lundi 20 février, à la bibliothèque du tribunal de commerce de Casablanca, on a vu se dérouler une drôle de scène.

Un visiteur surprise, en compagnie d’un avocat marocain, consultent le cahier des charges de la Samir. Ils font ensuite un tour de table pour se pencher sur les quinze annexes du document.

Mohamed El Krimi joue la surprise et assure: "Ce n'était pas prévu!" Mais difficile de le croire. D'autant plus qu'une source auprès de la Samir avait approché le360 quelques instants auparavant pour lui proposer une interview avec cet «investisseur».

«Nous nous sommes organisés en Business Unit (BU), chaque responsable s’est vu confier une annexe du cahier des charges. Ces personnes rendent compte ensuite des réunions, au personnel de la Samir», confie une source à le360, auprès de la raffinerie.

Ces annexes sont thématiques et portent sur plusieurs dossiers: patrimoine immobilier, contrats de leasing, de baux, sociétés filiales, produits pétroliers, formation interne et externe, patrimoine matériel, contrats d’assurances, convention collective, contrats courants avec les prestataires (au nombre de 200), attestations d’experts sur les équipements de raffinage, les marchandises et affaires Carlyle et ITFC…

Ces derniers, Carlyle et ITFC, revendiquent un stock de produits pétroliers auprès de la Samir. «Ces affaires sont classées. La justice a émis une décision pour que les deux sociétés déclarent leurs créances. C'est chose faite. Aujourd’hui, ce sont des créanciers chirographaires comme les autres, ils ne sont pas privilégiés. Et nos stocks appartiennent toujours à la Samir», explique Mohamed El Krimi, syndic judiciaire de la Samir.

Ces documents, nous journalistes n’avons pas eu le droit de les toucher encore moins de les feuilleter. Certes, les membres des médias invités ont regardé au-dessus de l’épaule de «l’investisseur» potentiel, dont on sait seulement qu’il est anglais et qu’il tenait des documents à l’entête de la compagnie Glencore.

Un petit tour sur le Net tend à laisser penser qu'il s’agit probablement de Glencore PLC, une société anglo-suisse de négoce, de courtage et d'extraction de matières premières.

Le360 a tenté d’arracher une déclaration à ce représentant -de Glencore, semble-t-il- mais en vain! «Il a un vol à prendre», lance son avocat.

Pour «sacraliser» davantage «la confidentialité» de la procédure, El Krimi s’est même offert le plaisir d’exposer le coffre fort qui renferme en dehors des heures de consultations le cahier des charges et ses annexes.

Même s’il n’avoue pas que cette opération de com’ vise à médiatiser cet investisseur potentiel venu remettre une lettre d’intention, l’exposé du syndic s’est axé sur une présentation de la procédure de consultation du cahier des charges.

Les principaux axes de son intervention tiennent en deux points. D'une part, les documents sont rédigés en langue française. «C’est une question de coût de traduction», avance le syndic. D'autre part, vingt intéressés se sont manifestés. «Ils sont prêts, ils ont ramené leurs équipes, réalisé leurs études. Ils détiennent toutes les informations hormis certaines données juridiques», précise le maître de cérémonie.

Un prochain rendez-vous a été fixé avec le syndic de la Samir et cette fois-ci, l'heure sera au bilan!

Par Imane Azmi et Saad Aouidy
Le 20/02/2017 à 17h23