A cause des effets induits de la pandémie du Covid-19, l’économie marocaine traverse une violente crise à différents niveaux, qui affecte la majorité des secteurs d’activité, et se répercute sur des millions de ménages.
Dans ce contexte, la majorité des patrons de TPE ont vu leur activité se détériorer et leur chiffre d’affaires baisser de manière significative.
Acteur économique et sociétal de référence, le groupe Attijariwafa Bank a donc décidé d'accompagner ses clients tout au long de cette période difficile, tout particulièrement les plus affectés par la crise.
Voici ce qu'en dit Issam Maghnouj, directeur du marché des TPE et de l’entrepreneuriat auprès du groupe Attijariwafa Bank.
Le360. La crise sanitaire du Covid-19 a un impact particulièrement important sur l’économie marocaine, qu’en est-il de la situation des TPE et auto-entrepreneurs?
Issam Maghnouj. Avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler quelques éléments de contexte sur la situation d’une des composantes essentielles du tissu économique marocain, à savoir la TPE qui, comme vous le savez, représente près de 95 % des entreprises répertoriées, et 50 % de l’emploi. Les TPE sont le socle de notre économie et de la cohésion de notre société, c’est pourquoi elles ont été érigées, depuis de nombreuses années, au rang de priorité nationale. La crise sanitaire inédite que nous traversons a eu un impact immédiat sur notre économie, induisant pour une grande partie des opérateurs économiques, une baisse significative, voire un arrêt total de leurs activités.
Cet impact est d’autant plus exacerbé, du fait des mesures de confinement et de distanciation sociale, lorsqu’il s’agit des petites entreprises qui œuvrent au quotidien au cœur des quartiers et en lien direct avec les citoyens. A cela, s’ajoute le caractère plus vulnérable de ces petites structures en raison de facteurs aussi bien intrinsèques, notamment liés aux besoins importants en fonds de roulement, qu’exogènes, comme la problématique des délais de paiement, qui s’aggrave davantage en ce moment.
Ainsi, de nombreux secteurs sont durement impactés par cette crise, en particulier les cafés et restaurants, le commerce, le BTP, sans oublier tous les métiers liés au transport et au tourisme, dont les revenus ont chuté de manière drastique. Des études récentes ont montré, à ce titre, que certains secteurs affichent des taux d’entreprises à l’arrêt total dépassant les 85%, avec un impact en perte d’emplois conséquent. Les auto-entrepreneurs sont, eux aussi, durement touchés par cette situation, parce que généralement la nature de leur activité est conditionnée par une relation commerciale de proximité, souvent au sein même des foyers, comme c’est le cas des électriciens, plombiers et de bien d’autres métiers.
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En résumé, la nature du business model des TPE et leur taille augmentent sensiblement leur vulnérabilité en ces circonstances particulières.
Parmi la batterie de mesures lancées par le gouvernement marocain, lesquelles concernent les petites entreprises? Sont-elles concernées par les récentes mesures d’assouplissement?
L’Etat marocain, sous les Hautes Instructions de Sa Majesté le roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a immédiatement enclenché un dispositif à la mesure de cette crise sans précédent, au travers de plusieurs mesures fortes, qui ont permis de renforcer solidement la résilience de notre économie et surtout de soutenir de manière volontariste les différents opérateurs. Dans cette optique, au fur et à mesure des annonces du Comité de veille économique, la TPE a toujours eu une place centrale dans les orientations et mesures de soutien déployées.
La communauté bancaire s’est, d’ailleurs, fortement mobilisée aux côtés de l’Etat marocain pour concevoir et déployer rapidement les mesures phares annoncées par le CVE, et dont plusieurs concernent les TPE et auto-entrepreneurs.
La première de ces mesures est relative au report des échéances de crédit, qui a permis de donner un souffle très important à la trésorerie des petites entreprises qui l’ont demandé, et qui sont en incapacité à faire face à ces traites, et ce, dans un contexte où leurs revenus ont sensiblement chuté.
La deuxième mesure, tout aussi importante, concerne le lancement du crédit garanti par la CCG, Damane Oxygène, dont l’objectif est de permettre aux petites entreprises, à des conditions à la fois simples et avantageuses, de continuer à payer leurs charges, tels que les salaires, les loyers, les factures et les fournisseurs, et donc d’augmenter leurs chances de survie.
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Enfin, un dispositif spécifique a été lancé en direction des auto-entrepreneurs, compte tenu de la précarité de leur situation, pour leur assurer un revenu minimum pour face à leurs besoins durant cette période de baisse ou d’arrêt de leur activité. Ce produit prend la forme d’un crédit garanti par l’Etat, à un taux historique de 0%.
D’importantes mesures d’assouplissement de ces mécanismes ont été mises en place, en vue, d’abord, de simplifier leur mise en œuvre opérationnelle, mais surtout d’en faire bénéficier le plus grand nombre.
Parmi ces mesures, la prise en charge par l’Etat et les banques des coûts des reports des échéances de moins de 3.000 dirhams pour les crédits immobiliers et de 1.500 dirhams pour les crédits à la consommation. Cette mesure importante concerne également les TPE personnes physiques dans le cadre de leurs besoins personnels.
En ce qui concerne Damane Oxygène, il a été décidé de remonter le seuil d’octroi des crédits sans présentation de justificatifs à 75.000 dirhams, ce qui simplifie considérablement le processus d’octroi de ces crédits, qui ont un caractère urgent.
Quelles actions concrètes a mis en place Attijariwafa bank pour accompagner ces mesures, et comment avez-vous adapté votre dispositif à cette situation inédite?
Dès l’annonce des mesures de confinement sanitaire, nous avons mis en place les dispositifs à même d’assurer à nos clients des TPE la continuité des services bancaires à travers nos agences, mais surtout et en vue de réduire leurs déplacements, via nos services digitaux, notre centre de relation client, et nos espaces de libre-service bancaire.
Attijariwafa bank a été une partie prenante active de la conception et de mise en œuvre de l’ensemble des programmes et mécanismes mis en place ces dernières semaines par l’Etat, et nos équipes se sont déployées de manière à les mettre à la disposition de nos clients dans des délais records.
La priorité a été donnée à l’information de nos clients quant à la mise en place de ces mécanismes de soutien et nos clients éligibles ont été approchés dans ce sens. Ainsi, et en ligne avec notre stratégie historique de soutien à l’entrepreneuriat, nos clients TPE, et auto-entrepreneurs, ont été massivement servis par ces programmes, en vue de leur apporter le soutien nécessaire en ces moments difficiles. A titre d’exemple, sur les milliers de crédits Oxygène octroyés par notre établissement, près de 70% ont concerné des TPE et auto-entrepreneurs, notamment en direction des populations les plus touchées comme les commerçants, les artisanats et les opérateurs dans le BTP.
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Mais au delà de ces programmes nationaux, Attijariwafa bank a poursuivi sa politique de financement volontariste des TPE et auto-entrepreneurs au travers de crédits classiques, qu’il s’agisse de financement des besoins de fonctionnement ou encore d’investissement. Sans oublier que plusieurs secteurs, comme l’agro-alimentaire, ont continué à fonctionner, et dont nous accompagnons les besoins.
Enfin, et malgré les circonstances particulièrement peu propices aux rassemblements, nous avons assuré la continuité de nos services d’accompagnement Dar Al Moukawil à travers la plateforme web daralmoukawil.com. A titre d’illustration, et compte tenu de l’impossibilité d’organiser des formations en présentiel, des sessions quotidiennes d’échanges avec nos experts sont organisées sur la plateforme daralmoukawil.com, en faveur des TPE et porteurs de projets.
A l’aube d’un déconfinement annoncé, avez-vous d’ores et déjà réfléchi à la mise en œuvre d’un programme de relance pour les TPE et auto-entrepreneurs?
D’abord, il faut noter que le CVE a annoncé la mise en place prochaine de mesures fortes et massives de soutien de l’ensemble des composantes du tissu économique, dans la perspective de relancer l’activité, notamment au travers du financement. Le groupe Attijariwafa bank, en tant qu’acteur sociétal de référence sera, bien évidemment, un contributeur indéfectible à cette dynamique qui, malgré la complexité de la situation, sera lancée grâce à la mobilisation de toutes les parties prenantes.
Outre l’accompagnement de ces dispositions nationales, le groupe Attijariwafa bank a d’ores et déjà questionné ses approches et enclenché un important processus de réflexion, en prélude à une rénovation de ses modèles d’accompagnement de sa clientèle TPE en intégrant les mutations inédites auxquelles nous avons assisté durant ces derniers mois. Parmi les rénovations nécessaires, l’importance de digitaliser et de simplifier un certain nombre de parcours clients, de massifier davantage le financement des TPE, des auto-entrepreneurs et des porteurs de projets, mais surtout de renforcer les dispositifs d’accompagnement.
Ainsi, un important dispositif de relance en direction des TPE, auto-entrepreneurs et porteurs de projets est en cours d’élaboration par le groupe Attijariwafa bank. Sans oublier l’ambitieux programme «Intelaka» lancé sous les Hautes Orientations royales, qui reprendra son cours et qui peut représenter un des leviers essentiels de relance.
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Par ailleurs, nous avons enclenché un cycle de rencontres digitales avec les différentes associations et fédérations en vue de nous enquérir de la situation de leurs membres, de répondre à leurs interrogations et surtout de construire avec eux le dispositif de relance le plus performant.
