Contacté par Le360, jeudi 19 septembre, le chef des bagagistes de l’aéroport Mohammed V, affiliés à l’UMT, Younes Rafii, nous a affirmé que contrairement à ce qu’auraient rapporté certains médias, ses collègues n'entendent pas reprendre les actions de terrain, du moins dans l'immédiat.
Depuis avril dernier, un conflit social oppose environ 700 bagagistes et leur employeur, une société du nom de GPI. Cette dernière sous-traite pour le compte de RAM Handling (filiale de Royal Air Maroc) certaines prestations au sol, notamment le traitement des bagages.
Malgré la signature en juin d’un Pacte social entre les deux parties, la situation s’est encore compliquée en période estivale, chaque partie accusant l’autre d’avoir failli à ses engagements. Résultat: le délai de livraison des bagages s’est allongé de 45 minutes (en temps normal) à plus de 2 heures en période pointe.
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On connaît la suite de l’histoire. Le ministère de l’Intérieur a pris le dossier en main en le confiant au wali directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières, Khalid Zerouali, appuyé par un gouverneur de l’administration centrale, en l’occurrence Mohamed Zhar, ancien gouverneur des provinces d’Errachidia et d’Al Hoceima.
Outre l’assainissement de l’environnement interne et externe de l’aéroport Mohammed V, la mission des deux hauts représentants du ministère de l’Intérieur consiste à faciliter les négociations sur un accord définitif de paix sociale entre les bagagistes et leur employeur indirect, RAM Handling. L’employeur direct, GPI, est pour le moment écarté de la scène, son rôle se limitant désormais à la gestion de la paie à la fin du mois.
Certaines supputations laissent entendre que RAM Handling serait sur le point de résilier le contrat de GPI avant son terme, lequel contrat expire en mai 2020.
Selon nos informations, les dernières séances de négociation avec les représentants de RAM Handling se sont conclues sur un «échec total». Une réunion marathon a eu lieu, mardi 17 septembre, à l’Aéroport Mohammed V qui aura duré de 15h30 à 3h du matin, en présence des deux gouverneurs (Abdallah Chater et Mohammed Zhar), suivie d’une autre, le lendemain, en présence des deux walis (Khalid Zerouali et Saïd Ahmidouch) et du secrétaire général de l’UMT, Miloudi Moukhariq.
Ces deux réunions se sont achevées sans qu’il soit possible de trouver un terrain d’entente entre les employés de GPI et la direction de RAM.
Les négociations auraient buté sur les fonctions clés en lien avec la programmation du travail que RAM Handling souhaite reprendre en main et qui étaient jusqu’ici du ressort des collaborateurs «syndiqués» de GPI. Cela concerne au moins une centaine de postes d’encadrement (chefs de services, contrôleurs, superviseurs, etc).
Si du côté du bureau syndical UMT, on met en garde contre une dégardation de la situation de ceux qui occupaient ces postes d’encadrement et du caractère pénible du métier de bagagiste, du côté de RAM Handling, on estime que ces postes étaient une source de rente pour les dirigeants du mouvement syndical.
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Autre facteur de blocage, selon les responsables de RAM Handling, les bagagistes se seraient opposées à la mise en place du système de pointage qui permettrait de mesurer le temps de travail et surtout combattre le phénomène des absences.
Aux dernières nouvelles, la commission en charge de ce dossier a décidé de remettre la fonction de programmation entre les mains de RAM Handling. Un système de pointage a été mis en place et seuls les noms figurant dans le programme du jour sont autorisés à accéder à l’aéroport.
Opérationnel depuis vendredi 20 septembre, le nouveau dispositif n’a pas été du goût des bagagistes qui ont entamé, vendredi, un sit-in devant l’aéroport Mohammed V.
Le360 a appris que la RAM, anticipant toute forme de résistance, a lancé un appel aux volontaires en interne pour combler les besoins d’urgence au cas où les bagagistes décident d’entrer en grève ou tiennent à abandonner leurs postes. Pour le moment, tout se passe bien, assure un responsable de RAM Handling. Selon lui, pas moins de 200 volontaires, dont des cadres de la RAM, sont mobilisés pour assurer la continuité des prestations bagages à l’aéroport Mohammed V.