Viandes importées: «Beaucoup de bruit pour rien», et des soupçons de pratiques anticoncurrentielles

Les abattoirs communaux de Casablanca.

Revue de presseLe kilogramme de viande bovine, au prix habituellement compris entre 80 et 85 dirhams, avoisine désormais les 130 dirhams. L’importation de 20.000 tonnes de viande fraîche et congelée, exonérées de droits de douane et de TVA, n’y a rien changé. Mieux encore, des pratiques anticoncurrentielles ont été relevées. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 22/12/2024 à 19h49

Le prix du kilogramme de viande rouge bovine continue sa montée en flèche et atteint les 130 dirhams.

Pour maîtriser cette hausse, 20.000 tonnes de viande fraîche et congelée devraient être importées d’ici la fin de l’année, afin de contenir cette flambée tarifaire.

En outre, le gouvernement a décidé d’importer 200.000 bovins, destinés à l’abattage, en provenance de l’Union européenne, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud.

Ces importations bénéficient d’une exonération des droits de douane et de la TVA, dans les limites des quotas préétablis, mais elles n’ont servi à rien, constate Challenge.

«L’impact sur les prix reste limité, en raison du faible volume des importations à ce jour. De plus, certains consommateurs expriment des préoccupations quant aux normes d’abattage des animaux provenant de l’étranger», écrit-on, car «les importations de viandes rouges ne couvriront que 11 % des besoins».

De plus, selon l’hebdomadaire, «seuls certains acteurs sont autorisés à importer de la viande fraîche, congelée et réfrigérée, notamment les importateurs agréés, les unités de découpe, les chevillards avec un ICE opérant dans un abattoir agréé, et les personnes morales disposant d’un entrepôt agréé. Ces conditions restreignent considérablement le nombre d’opérateurs autorisés et jettent de l’ombre sur les conditions d’octroi de ces juteux marchés».

Le gouvernement a par ailleurs décidé d’augmenter le quota d’importation des bovins domestiques exemptés de droits de douane et de TVA, portant ce quota à 200.000 têtes. Pour autant, le problème n’est pas résolu, commente Challenge.

Le président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, Bouazza El Kherrat, interrogé par le quotidien, explique que «l’ouverture des frontières et l’exonération des taxes n’auront pas un impact significatif sur la baisse des prix des viandes rouges. Des mesures d’accompagnement doivent être mises en place simultanément, avec l’arrivée de ces produits sur le marché».

La consommation annuelle moyenne de viande rouge par ménage au Maroc est estimée à 55,8 kg, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et atteint son pic au cours de la fête du sacrifice.

Individuellement, la consommation moyenne annuelle est de 17 kg et, au niveau mondial, la consommation moyenne est de 42,9 kg par habitant.

Le gouvernement a fini par reconnaître l’inefficacité «des mesures de soutien mises en place depuis l’année dernière, pour faire baisser les prix de la viande rouge, mais sans proposer de solution», indique le magazine, selon lequel «le problème est ailleurs».

Pour cela, «il est nécessaire de renforcer le contrôle des prix en garantissant une meilleure surveillance et un affichage transparent, permettant aux consommateurs d’accéder à des informations fiables et d’éviter toute spéculation», écrit-on.

«Un suivi régulier de l’évolution des prix doit aussi être mis en place pour prévenir toute hausse injustifiée et permettre une intervention rapide si nécessaire», écrit-on encore.

Des circuits directs doivent être créés pour les animaux importés, sans passage par les souks, indique le magazine, «sans oublier le plafonnement des prix des viandes importées subventionnées».

Selon Challenge, «tout produit subventionné devrait ainsi être encadré par le gouvernement pour éviter les abus et garantir une stabilité des prix pour les consommateurs».

Par Nabil Ouzzane
Le 22/12/2024 à 19h49