TPE-PME: alerte sur la marginalisation et appel à un nouveau pacte économique

Une TPME dans le Royaume. . DR

Revue de presseMalgré leur poids écrasant dans l’économie nationale, les TPE-PME restent marginalisées et sous-représentées dans les instances décisionnelles. Abdellah El Fergui, président de la Confédération Marocaine des TPE-PME, alerte sur les dysfonctionnements des programmes de financement, la non-application du quota de 20% des marchés publics et les obstacles à la formalisation du secteur informel. Cet article, est une revue de presse, tirée du Magazine Hebdomadaire Challenge.

Le 22/09/2025 à 18h55

Dans un entretien accordé au Magazine Hebdomadaire Challenge, Abdellah El Fergui, président de la Confédération Marocaine des TPE-PME, tire la sonnette d’alarme sur la situation critique des Très Petites et Petites et Moyennes Entreprises (TPE-PME) dans le Royaume.

Représentant 98,4% du tissu économique national, ces entreprises continuent de subir une marginalisation structurelle, selon lui, faute de représentation et de dispositifs adaptés.

«La faible représentation, voire l’absence des TPE-PME dans les instances décisionnelles, est un problème majeur», a souligné Fergui.

Il a plaidé pour «des quotas de représentation spécifiques au sein de la Chambre des conseillers, des conseils d’administration des institutions publiques comme Maroc PME, CNSS, DGI, TAMWILCOM, AMDIE, ANAPEC ou encore le CESE, ainsi que dans les Chambres professionnelles et organisations patronales».

Il a aussi plaidé pour le fait que ces mesures permettraient aux petites entreprises de «défendre leurs intérêts, faire entendre leur voix et proposer des recommandations concrètes pour améliorer leur situation économique».

Interrogé sur les principales menaces pesant sur la survie des TPE, Fergui a pu identifier la trésorerie comme étant un facteur-clef.

«Une trésorerie insuffisante empêche les TPE de couvrir leurs charges fixes, de financer leurs activités courantes et de réagir rapidement à des imprévus. Même si la demande existe ou si les coûts de production sont maîtrisés, une trésorerie tendue peut entraîner la cessation des activités à très court terme», a-t-il indiqué.

Les coûts de production et la baisse de la demande restent des enjeux sérieux, mais leur impact est souvent moins immédiat, a écrit Challenge.

Pour Fergui, les programmes «Intelaka» et «Forsa» restent largement insuffisants. «Intelaka a subi des retards dans le déblocage des crédits par les banques, tandis que Forsa, limité à 100.000 DH, rencontre des dysfonctionnements dans le processus de financement et la formation», a-t-il dénoncé.

Il propose de créer «une Banque d’État spécialisée dans les TPE-PME» et de procéder à «des réformes profondes et structurelles» pour transformer ces programmes en véritables leviers de croissance.

Concernant le programme «Ana Moukawil», Fergui critique son approche limitée.

«Il ne répond pas à la problématique cruciale du financement et se limite à une assistance technique que de nombreuses organisations étrangères remplissent déjà de manière plus efficace», a-t-il détaillé.

La loi n°2.12.349, article 156, prévoit un quota de 20 % des commandes publiques pour les TPE-PME depuis 2013, mais son application reste problématique.

Selon Fergui, «les obstacles sont à la fois politiques, par manque de volonté et absence de décrets d’application, et techniques, en raison de procédures complexes et de marchés centralisés favorisant les grandes entreprises». Car, a-t-il expliqué, «seule une action conjointe sur les plans politique et technique permettra une application effective de ce quota».

Avec plus de 70 % de la main-d’œuvre absorbée par le secteur informel, Fergui a plaidé pour une approche incitative plutôt que répressive, a-t-on lu.

«La formalisation doit offrir un avantage concret: allègement fiscal progressif, accès prioritaire aux crédits garantis par l’État, simplification administrative, filet social complet et accès aux marchés publics», a-t-il expliqué.

Il propose également une révision des plafonds du statut d’auto-entrepreneur, jugés obsolètes, pour s’adapter à l’inflation et aux réalités économiques.

Pour Fergui, la priorité immédiate est claire, souligne Challenge.

«Le lancement d’une deuxième édition des programmes Intelaka et Forsa, avec un financement Forsa revalorisé à 250.000 ou 300.000 DH, accompagné de procédures simplifiées et d’un accompagnement renforcé après la création de l’entreprise».

Il a également insisté sur la nécessité de «publier les décrets d’application du quota de 20 % des marchés publics» et de garantir une représentation effective des TPE-PME dans toutes les concertations économiques et sociales.

Pour le président de la Confédération Marocaine des TPE-PME, ces mesures permettraient de relancer durablement le tissu entrepreneurial marocain, de créer des emplois et de favoriser l’inclusion progressive du secteur informel.

«Il s’agit d’envoyer un signal fort de confiance, de reconnaissance et d’engagement envers les TPE, véritable socle de l’économie marocaine», a enfin conclu Abdellah El Fergui.

Par La Rédaction
Le 22/09/2025 à 18h55